Gabrielle Côté

Université du Québec à Rimouski
Candidat M.Sc.

superviseur(e): Dominique Berteaux
François Vézina
Début: 2024-05-01

Projet

Étude à fine échelle des lieux de concentration de biodiversité dans le désert polaire.
Les déserts polaires sont caractérisés par de basses températures, de faibles précipitations et une petite couverture végétale <5%. Comme les déserts polaires sont difficiles d’accès, leur structure, leur fonctionnement et leur évolution sont peu connus, ce qui pose deux problèmes. D’abord, à cause de l’amplification polaire, le climat s’y réchauffe plus qu’ailleurs mais les effets écologiques actuels et futurs de ce réchauffement sont peu compris. Ensuite, les activités minières et militaires s’y développent rapidement mais les connaissances manquent pour accompagner ces développements de plans efficaces de conservation de la biodiversité. C’est dans ce contexte que mon projet propose de mieux comprendre une composante importante des déserts polaires, à savoir les lieux de concentration de biodiversité (LCB). Les LCB, souvent bien identifiables sur le terrain car la végétation y est plus verdoyante qu’aux alentours, sont généralement situés sur des petites buttes ou autour de grosses roches. L’hypothèse avancée pour expliquer leur présence est qu’ils sont initiés par le comportement des vertébrés prédateurs qui les choisissent comme perchoirs (labbes, harfangs, goélands) ou marqueurs de frontières territoriales (renards, loups, hermines). Cette utilisation entraine un dépôt de fèces, urine ou pelotes qui enrichit le sol adjacent, favorisant la végétation, qui attire à son tour les petits herbivores (arthropodes, lemmings), engendrant ainsi une boucle de rétroaction positive. L’objectif de mon projet de recherche est de tester les principales composantes de cette hypothèse, ce qui n’a jamais été fait formellement. Mon étude se déroulera de juin à août 2025 sur une aire d’étude de 170km2 à la Station des Forces canadienne Alert sur l’Ile d’Ellesmere, à moins de 820 km du Pôle Nord. Lors de cette période, 40 LCB seront comparés à 40 sites témoins selon : 1) L’abondance et le comportement des prédateurs (caméras automatiques), 2) Un comptage de fèces et pelotes; 2) La concentration d’azote (N), carbone (C) et phosphore (P) dans le sol, 3) La diversité, biomasse et productivité végétale (quadrats); 4) La diversité et biomasse d’arthropodes (pièges à fosse) et l’abondance de lemmings (terriers). L’hypothèse testée fournit un cadre conceptuel original liant la géomorphologie, le comportement animal, l’écologie des sols et l’écologie végétale. En outre, cette hypothèse suggère la présence de processus pouvant être liés au concept d’ingénieur d’écosystème. Le concept d’ingénieur d’écosystème a été établi il y a plus de 20 ans pour décrire le rôle de certaines espèces dans la modification physique des habitats, entrainant des changements dans l’abondance, la distribution et la diversité d’autres espèces. Mais le concept n’a à notre connaissance jamais été appliqué à une communauté d’espèces, ici la guilde de prédateurs vertébrés du désert polaire. La pertinence de cette étude est alors multiple. Elle est fondamentale pour mieux comprendre l’écologie du désert polaire et éclaircir le concept d’ingénieur d’écosystème. Elle est aussi appliquée car elle servira à informer un Plan de gestion de la biodiversité, qui est en cours à Alert et requiert une analyse de la répartition spatiale des points chauds de biodiversité.

Mots-clés

Écologie animale, Toundra, désert polaire, Prédateur, Ingénieur Écosystème, Biodiversité