Ludovic Landry-Ducharme
Projet
Écologie de mouvement d'un mammifère herbivore du désert polaireLa migration animale, phénomène commun dans les environnements caractérisés par de fortes variations saisonnières, est pourtant très rare chez les mammifères terrestres. À l’automne 2019, nous avons observé par télémétrie satellitaire un mouvement de masse de la population de lièvres arctiques de l’île d’Ellesmere (Nunavut) sur plus de 100 km. Le lièvre arctique est un des rares herbivores résidant à l’année dans le désert polaire du Haut Arctique, un environnement extrême du fait de son climat rigoureux et la rareté des ressources. Dans le contexte présent de perturbations climatiques et anthropiques que subit l’Arctique canadien, le mouvement populationnel sans précédent décrit en 2019 constitue une opportunité exceptionnelle d’accroître nos connaissances à la fois sur les communautés vertébrées du Haut-Arctique et sur le rôle du mouvement dans leurs stratégies de survie dans ce milieu. L’objectif général du projet est de comprendre en quoi le mouvement permet aux mammifères terrestres de persister même dans les environnements les plus hostiles. Plus spécifiquement, mon modèle d’étude est le lièvre arctique dans le désert polaire canadien et je veux comprendre les stratégies de mouvement qui permettent à cette espèce de persister à moins de 1000 km du pôle Nord. J’adopterai une approche en 3 temps, selon les principales phases du cycle vital de l’espèce : la reproduction estivale, les migrations automnale et printanière, et la résidence hivernale. Ainsi, mes objectifs spécifiques sont: 1) Comprendre les stratégies d’utilisation de l’espace des adultes et des jeunes pendant l’été polaire, période de reproduction et d’abondance de ressources. 2) Identifier les facteurs individuels et environnementaux qui expliquent les dates et parcours des trajets migratoires. 3) Décrire et comprendre le niveau d’activité et l’utilisation de l’espace des individus au cœur de l’hiver polaire, période à laquelle les conditions environnementales constituent le plus gros défi à la survie.