Date:

Jeudi le 18 octobre 2012, 8h

Lieu:

Montréal, UQAM

Description:

La conférence vise à répondre plus précisément à deux questions : où en est présentement la recherche en biodiversité urbaine au Québec? Quels sont les modèles de recherche multidisciplinaires et participatifs porteurs dans ce domaine? Cliquez ici pour voir le programme.

Résumés et Notices Biographiques

Comprendre l’écologie urbaine de Baltimore: Portée,  résultats et évolution du Long-Term Ecological Research Project

Steward T.A. Pickett, Distinguished Senior Scientist, Cary Institute of Ecosystem Studies, Box AB, Millbrook NY 12545 USA

L’urbanisation devient une force dominante et mondiale au niveau de la démographie et de l’environnement. L’écologie, l’étude des organismes, leurs interactions et la transformation de l’énergie et la matière dans lesquels ils existent, est arrivée relativement en retard dans les milieux urbains. Toutefois, la qualité et la quantité d’information sur l’écologie urbaine sont critiques à l’amélioration des villes et banlieues en tant qu’habitat pour les humains et la biodiversité.  Des exemples de recherche disciplinaires et interdisciplinaires du Baltimore Ecosystem Study, Long-Term Ecological Research project illustrent les aspects clés des systèmes urbains et identifie des liens à la biodiversité. Les résultats démontrent que 1) certaines composantes des écosystèmes urbains contribues à la rétention des nutriments et à la réduction de la pollution en aval; 2) l’hétérogénéité spatiale est associée à  la fonction éco-systémique; 3) l’hétérogénéité sociale interagie avec l’hétérogénéité bioécologique; et 4) la fonction riveraine urbaine exhibe des tendances inattendues. Les structures et fonctions écologiques documentées dans la région métropolitaine de Baltimore ont des conséquences pour l’aménagement urbain durable et pour la promotion de la résilience urbaine. L’orientation future du projet mettra l’emphase sur les transformations urbaines de milieux sanitaires à des milieux durables, avec une attention au bien être humain et à la biodiversité.

 Stewart Pickett est scientifique senior distingué  et phytoécologiste au Cary Institute of Ecosystem Studies, à Millbrook, New York. Son doctorat lui fut octroyé en 1977 par l’Université de l’Illinois. Il est directeur du Baltimore Ecosysteme Study Long Term Ecological research program depuis ses débuts en 1997.  Ses recherches se concentrent sur l’étude de la structure écologique des milieux urbains et sur la dynamique temporelle de la végétation. A travers ses recherches, il a étudié de nombreux milieux dont les forêts primaires de l’ouest de la Pennsylvanie, les rizières postindustrielles du New Jersey et les forêts riveraines  et savanes du Kruger National Park en Afrique du Sud. Il a écrit et édité  des livres sur les perturbations et  la dynamique spatiale, sur les humains en tant que composante écosystémique, de la conservation, des liens entre l’écologie  et le design urbain, et la philosophie de l’écologie. Il fut président  de la Société d’Écologie de l’Amérique, et en tant que membre du comité de direction de l’Institut Américain des Sciences Biologiques. Il a aussi été membre du comité de direction des Defenders of Wildlife,  un organisme publique.

L’intégration des sciences sociales et naturelles dans le Baltimore Ecosystem Study

Charles Nilon, Department of Fisheries and Wildlife Sciences, University of Missouri, Columbia, MO USA

Le concept d’un écosystème urbain en tant que système social et écologique intégré à ses origines les sciences sociales et écologiques, et a une histoire relativement longue en gestion de ressources naturelles urbaines. Le Baltimore Ecosystem Study, l’un de deux projets de recherche écologique à long terme pris en charge par la Fondation nationale des sciences des États-Unis, a utilisé le modèle d’écosystème humain comme structure d’organisation pour comprendre les tendances et les méthodes impliquées dans les écosystèmes urbains. Je centrerai ma présentation sur trois exemples d’intégrations des sciences sociales et naturelles : l’utilisation de données de recensement pour prédire l’organisation de l’écosystème dans les villes, qui est, à maint égards, une application de la théorie des sciences sociales aux études de l’écologie; la recherche sur la relation entre les tendances socio-économiques, la prise de décisions et les mesures de la biodiversité; et la recherche sur l’inégalité sociale et ses rapports au tendances dans la biodiversité et au services écologiques.

Charles Nilon est professeur dans le département des sciences de la pêche et de la faune sauvage à l’Université du Missouri. Il reçut son doctorat en 1986 du State University of New York College of Environmental Science and Forestry. La recherche de Nilon prend en considération les impacts de l’urbanisation sur les habitats et les communautés de faunes sauvages. Avec ses étudiants, il se concentre sur l’écologie de la nature avoisinante, c’est-à-dire les régions situées dans un mile de là où les gens habitent et travaillent. Cette recherche inclut aussi des projets allant, en rapport à l’emplacement et en mesure de développement, des fragments de forêts en Baltimore aux arrière-cours de Columbia, MO, et aux friches industrielles dans la région intérieure de la ville de St. Louis. Il est co-chercheur dans le Baltimore Ecosystem Study (BEC). Ce projet à Baltimore ainsi qu’un similaire à Phoenix sont les deux premiers milieux urbains à être inclus dans le programme Recherche Écologique à long terme de laFondation nationale des sciences des Etats-Unis. Il collabore avec Dr. Paige Warren (Université de Massachusetts- Amherst) sur un projet de suivi d’oiseaux faisant partie du projet BEC. La recherche de Nilon considère aussi le rôle de la nature qui fait partie de l’environnement auquel l’individu est exposé quotidiennement, et aux questions de justice environnemental en rapport à l’accessibilité à la nature. Il a récemment été co-responsable du groupe de travail Écologie urbaine comparative: qu’est-ce-qui rend la collection d’organismes urbaines « urbaines »? au Centre national pour l’analyse et la synthèse de l’écologie (NEAS). Ce groupe de travail considérera comment les études comparatives de villes peuvent être utilisées pour comprendre les tendances de flore et faune urbaines.

Système de gestion de métadonnées pour la biodiversité : Biodiversité urbaine

Mélanie-Louise Leblanc1, Danielle Dagenais2 Stéphanie Pellerin3et Guillaume Larocque*1

* guillaume.larocque@mcgill.ca
1Centre de la Science de la Biodiversité du Québec, McGill University, Stewart Biology Building Bureau W6 / 19, 1205, avenue du Docteur-Penfield, Montréal, Québec, Canada, H3A 1B1
2Chaire en paysage et environnement, École d’architecture de paysage, Faculté de l’aménagement, Université de Montréal, Montréal, Québec, Canada, H3C 3J7.
3 Institut de recherche en biologie végétale, Université de Montréal et Jardin botanique de Montréal, 4101 Sherbrooke Est, Montréal, Québec, Canada, H1X 2B2.

Résultant d’une collaboration entre le Centre de la Science de la Biodiversité du Québec (CSBQ) et NatureServe Canada, le Système de Gestion de Métadonnées a été créé afin de développer un cadre normalisé pour entrer, rechercher et afficher rapidement des métadonnées relatives aux études de terrain au Québec. À l’été 2012, nous avons sollicité la participationdes chercheurs-es du milieu académique de même que des professionnels provenant d’ONG ainsi que du secteur privé ou municipal. Plusieurs données ont aussi été extraites de publications issues d’études de terrain non disponibles sur Internet. Actuellement, le système compte 131 jeux de données s’étendant de 1930 jusqu’à ce jour. Les milieux les plus inventoriés dans la région de Montréal sont les boisés urbains, les milieux aquatiques et les zones aménagées tandis que les taxa les plus étudiés sont les plantes, les oiseaux et les mammifères. Ce système a une envergure sans précédentpuisqu’il permet de fournir un accès facile à différentes sources et différents types de métadonnées. À long terme, ce système pourra devenir une plaque tournante rassemblant toutes les informations relatives aux études de terrain au Québec.

Assistante de recherche au Centre de la Science de la biodiversité du Québec, associée au projet Système de gestion Métadonnées pour la Biodiversité.

Les effets de l’urbanisation sur la composition et la diversité spécifique et fonctionnelle des arbres de l’est nord-américain

Charles A. Nock1, Alain Paquette1, Matt Follett1, David J. Nowak2 et Christian Messier1

1Center for Forest Research, Université du Québec à Montréal, PO Box 8888, Centre-Ville Station, Montréal, QC H3C 3P8, Canada (charles.nock@gmail.com)
2Northern Research Station, c/o SUNY ESF, 5 Moon Library, Syracuse, NY 13210, USA

L’urbanisation modifie la biodiversité des plantes à travers différents mécanismes comme la transformation de l’habitat, l’altération de l’environnement et l’introduction d’espèces. Malgré l’importance de la diversité pour le fonctionnement des écosystèmes et la santé humaine, sa réponse à l’urbanisation est peu documentée. Nous avons mesuré les changements en diversité et composition des forêts le long d’un gradient d’urbanisation autours de sept grands centres urbains de l’est de l’Amérique du Nord à partir d’inventaires forestiers et urbains. La diversité spécifique, de concert avec la diversité fonctionnelle, allait en décroissant de la forêt vers la ville. Par contre, les pools spécifiques et fonctionnels étaient similaires, suggérant que la diversité locale répond plutôt aux contraintes imposées par les infrastructures sur la densité des arbres. L’homogénéisation de la composition en espèces avec l’urbanisation était patente, et pourrait avoir des effets importants sur la biodiversité avec l’expansion urbaine. Avec un pool d’espèces aussi diversifié, l’accroissement des services écosystémiques rendus par les arbres en milieu urbain passera nécessairement par l’accroissement de leur présence dans le tissu urbain.

Mesure de la connectivité de régions naturelles en ville comme indicateur de l’Indice de la biodiversité urbaine en utilisant le « effective mesh size » (meff)

Adrienne Asgary1 et Jochen A.G. Jaeger1 Université Concordia, département de géographie, de planification et de l’environnement, 1455 bvd de Maisonneuve O., Suite H1255, Montréal, Québec, H3G 1M8, Canada(jochen.jaeger@concordia.ca)

Les villes peuvent contribuer de manière importante aux efforts globaux de réduire le taux de perte de biodiversité. L’Indice de biodiversité urbaine (IBU) a été développé comme outil afin d’évaluer l’état de la biodiversité dans les villes et de donner une idée quant à l’amélioration des efforts de conservation. Il a été proposé à la 9ème Rencontre de la conférence des partis (COP-9) à la Convention sur la diversité biologique (CDB) par le ministre du développement nationale du Singapore, M. Mah Bow Tan, en mai 2008. Trois ateliers d’experts ont été organisés par le Conseil des parcs nationaux du Singapore et le Secrétariat de la CDB en collaboration avec le Partenariat globale sur les villes et la biodiversité en 2009, 2010 et 2011 afin de développer l’indice. L’IBU contient vingt-trois indicateurs tels que la proportion des régions naturelles en ville. Nous présentons l’IBU en se centrant sur l’indicateur 2, qui mesure la connectivité des régions naturelles en ville. La connectivité est « le degré auquel le paysage facilite ou entrave le déplacement entre les fragments contenant des ressources » et elle « peut être mesurée par la probabilité de déplacement entre tous les points de ressources ou fragments dans un paysage ». Cependant, la méthode suggérée auparavant pour cet indicateur de l’IBU ne concordait pas. Nous proposons une amélioration qui produit des résultats plus fiables sans compromettre l’aspect pratique de l’application de la mesure. La nouvelle version utilise la méthode de l’ « effective mesh size », basée sur la probabilité que deux points choisis au hasard dans un paysage sont connectés et pas séparés par des barrières. Elle comprend la connectivité au sein des fragments ainsi que la connectivité entre les fragments. La méthode a été légèrement modifiée afin que les calculs demeurent simples. Nous avons appliqué l’ancienne et la nouvelle version de la mesure de connectivité à Montréal (en collaboration avec la Ville de Montréal, Direction des grands parcs et du verdissement) et à Lisbonne. Parmi de nombreuses autres villes, Montréal et Lisbonne ont accepté de tester l’IBU. La méthode améliorée a été mise en œuvre dans l’IBU en collaboration avec le Conseil des parcs nationaux du Singapore et le Secrétariat de la CDB. Elle donne une meilleure indication de l’état de la connectivité des régions naturelles, ce qui peut avoir des implications quant aux efforts de conservations urbaines. L’IBU est supposé être appliqué par plusieurs villes du monde afin de faire un suivi de leurs efforts et réalisations à enrayer le taux de perte de biodiversité.>

Jochen A.G. Jaeger reçut son doctorat en Sciences de l’environnement de l’Institut fédérale de technologie Suisse, (ETH) Zurich en Suisse. Pris en charge par l’Académie allemande des sciences naturelles Leopoldina, il se rendit au Canada en 2001, en tant que chercheur postdoctoral avec le laboratoire d’écologie de paysage du Dr. Lenore Fahrig à l’université Carleton, Ottawa. De 2003 à 2007, il fut de retour à Zurich à l’ETH comme chercheur associé, pris en charge par la Fondation de recherche allemande DFG, la Fondation de science national Suisse, l’Autorité fédéral des routes Suisse, et le Bureau fédérale de l’environnement Suisse. Ses deux derniers grands projets à Zurich furent sur le degré de fragmentation des paysages, et le degré d’expansion urbaine en Suisse comme indicateurs pour le Système de suivi du développement durable suisse (MONET). Il joignit l’université Concordia en juillet 2007. En octobre 2010, il reçut le Dean’s 2009-2010 New Scholar Award pour réalisation remarquable en tant que membre titulaire de la faculté. Son équipe de recherche a reçu le Prix du projet IENE 2011 du Infra Eco Network Europe en septembre 2011, pour leur projet « Fragmentation de paysage en Europe ». En plus de sa position au département de géographie, de planification et de l’environnement, il est membre affilié du département de biologie. Domaine de recherche : Dr. Jaeger travaille dans les domaines de l’écologie de paysage, l’écologie routière, la quantification et le contrôle de la structure des paysages et le changement des paysages, la consommation des terrains à travers l’expansion urbaine, la modélisation d’écosystèmes, les indicateurs environnementaux, l’évaluation des impacts, et les concepts novateurs de recherches trans-disciplinaires axées sur les problèmes.

Abondance et diversité des pollinisateurs des villes de Montréal et Québec

Nathalie Roullé1, Étienne Normandin2, Danielle Dagenais3, Chris Buddle4 et Valérie Fournier*2.

*valerie.fournier.2@ulaval.ca
1Département des Sciences Biologiques, Université du Québec à Montréal (UQAM).
2Département de phytologie, Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, Pavillon de l’Envirotron, 2480, boulevard Hochelaga, Local 1227, Université Laval, Québec.
3Chaire en paysage et environnement, École d’architecture de paysage, Faculté de l’aménagement, Université de Montréal, Montréal, Québec, Canada, H3C 3J7.
4Department of Natural Resource Sciences McGill University, Macdonald Campus , 21,111 Lakeshore Road, Ste-Anne-de-Bellevue, Quebec, H9X 3V9 Canada

 L’urbanisation se traduit souvent par une fragmentation des habitats et une perte de biodiversité pouvant perturber certaines fonctions écologiques telle la pollinisation. Au Québec, aucune étude d’ampleur n’a encore été réalisée dans leur but d’évaluer la biodiversité et l’abondance des pollinisateurs indigènes en milieu urbain. Débutées en 2012, les deux études présentées ici visent à faire l’inventaire de la diversité des abeilles indigènes et syrphes dans différents habitats urbains. La première étude s’est intéressée aux jardins communautaires, cimetières et parcs natures de Montréal et Québec. Des pièges bols furent installés dans 25 sites de chacune de ces villes.  Deux variables ont été choisies afin de caractériser chacun des sites soit la superficie d’espaces verts entourant chacun des sites de même que les cartes d’îlots de chaleur. Les résultats permettront, en premier lieu, de décrire les communautés de pollinisateurs dans le paysage urbain de deux grandes villes, ainsi que de définir davantage l’effet de l’urbanisation sur les pollinisateurs. La deuxième étude s’est intéressée aux toits verts de Montréal afin d’évaluer si ceux-ci servent de relais entre d’autres espaces verts pour les pollinisateurs. Les pollinisateurs furent collectés par des pièges bols installés sur 6 toits. Parallèlement, les caractéristiques comme la hauteur du toit par rapport au sol et la profondeur de substrat ont été mesurées tout comme le pourcentage de recouvrement et la composition spécifique de la végétation en fleur au moment de la cueillette de données. La mise en relation des données entomologiques et des caractéristiques des toits permettra d’identifier les caractéristiques qui favorisent la présence de pollinisateurs sur les toits. Les données des deux études seront éventuellement mises en relation.

Nathalie Roullé est en voie de terminer un doctorat en sciences biologiques à l’Université du Québec à Montréal. Elle réalise actuellement une étude préliminaire sur les pollinisateurs présents sur les toits verts, en collaboration avec Danielle Dagenais (Architecture de paysage, Chaire en paysage et environnement, Université de Montréal) et Valérie Fournier (Département de phytologie, Université Laval). Nathalie a commencé ses études de biologie à l’Université de Caen (France), puis elle a complété une licence, une maîtrise et un DEA « Écologie, Éthologie et Évolution » à l’Université de Rennes (France). Ses champs d’intérêt comprennent l’écologie, l’écologie du paysage, la protection des plantes et l’évolution des espèces.

L’érable de Norvège, plus productif et plus plastique que l’érable à sucre; mauvaise nouvelle pour les milieux naturels à Montréal?

 Alain Paquette*1, 2, Bastien Fontaine3, Frank Berninger4, Karine Dubois3, Martin J. Lechowicz2,5, Christian Messier1,2, Juan M. Posada6, Fernando Valladares7 et Jacques Brisson2,3

* alain.paquette@gmail.com
1 Université du Québec à Montréal, Département des sciences biologiques. Case postale 8888, Succursale Centre-ville, Montréal, QC, H3C 3P8 Canada
2 Center for Forest Research, P.O. Box 8888, Centre-ville Station, Montreal, QC H3C 3P8 Canada
3 Université de Montréal, Institut de recherche en biologie végétale (IRBV), 4101 rue Sherbrooke Est, Montreal, QC H1X 2B2 Canada
4 University of Helsinki, Faculty of Agriculture and Forestry, Department of Forest Sciences, Helsinki, Finland
5 McGill University, Department of Biology, Montreal, QC Canada H3A 1B1
6 Universidad del Rosario, Facultad de Ciencias Naturales y Matemáticas, Carrera 24 No. 63C-69, Bogotá, D.C. 111221 Colombia
7 Museo Nacional de Ciencias Naturales CSIC, Madrid, Spain

Les forêts du Nord-Est de l’Amérique du Nord ont été relativement épargnées par les invasions d’espèces exotiques comparativement à d’autres écosystèmes comme les milieux humides. Le cas de l’érable de Norvège dans les boisés urbains et périurbains constitue une exception notable. Originaire d’Europe, elle est parmi les espèces les plus utilisées comme arbre de rue en Amérique du Nord, et s’est rapidement naturalisée. Au Mont Royal, le phénomène est particulièrement inquiétant; on estime que dès la prochaine génération, il pourrait dépasser l’érable à sucre en dominance dans la canopée.

 Afin d’identifier les traits qui pourraient conférer à l’érable de Norvège un avantage sur l’espèce indigène, nous avons fait croître les deux espèces sous des climats lumineux contrastés, mimant soit un couvert forestier dense, soit une trouée, à l’aide d’ombrières dynamiques. Nous notons chez l’érable de Norvège une capacité photosynthétique plus grande et une meilleure croissance que l’érable à sucre sous le deux régimes lumineux. Les différences en allocation de biomasse, diamètre, hauteur et capacité photosynthétique ont été cependant plus importantes sous des conditions de trouée, dans lesquelles l’érable de Norvège a poursuivi sa croissance jusque tard en automne. Sous les trouées, l’érable à sucre présentait un ratio racine:partie aérienne plus élevé, potentiellement un avantage de survie pour cet espèce en conditions extrêmes d’ombre, d’herbivorie ou de stress hydrique. À l’opposée en conditions non stressantes, et particulièrement suite à une perturbation (ouverture), un ratio plus faible comme celui de l’érable de Norvège lui confèrerait un avantage en croissance. La capacité de l’érable de Norvège à étendre sa saison de croissance pourrait amplifier encore davantage sa capacité invasive suite aux changements climatiques anticipés.

 Alain Paquette est chercheur en écologie forestière au Centre d’étude de la forêt et à la Chaire Hydro-Québec – CRSNG sur la croissance de l’arbre, à l’UQAM.  Gradué en écologie à la maitrise et au doctorat, il a été très impliqué au postdoctorat en sylviculture intensive et zonage fonctionnel avec le projet TRIADE, et dans l’étude de l’effet de la biodiversité sur la productivité des forêts. Il s’intéresse aux effets de la biodiversité sur les écosystèmes forestiers, notamment en plantation, et à la place des arbres en milieu urbain et périurbain.  En 2010, ses travaux sur la biodiversité forestière se sont classés parmi les 10 découvertes de l’année selon le magazine Québec Science.

Le rôle des réserves d’hydrate de carbone dans la récupération des arbres urbains après perturbations

Jorge Andres Ramirez1, Juan Posada2, Tanya Handa1 et Christian Messier1

1 Département des Sciences Biologiques, Université du Québec à Montréal (UQAM).

2 Faculty of Natural Sciences and Mathematics, Rosario University-Colombia.

Les arbres urbains sont parmi les plus valables composantes des milieux urbains en raison du grand nombre de bénéfices qu’ils nous percurent. Toutefois, les arbres croissant en milieu urbain sont sujets à de nombreux stress, tels les maladies, la sècheresse, les coupes répétitive, des déficiences nutritionnelles, la compaction des sols, les tranchées and le dommage mécanique qui peuvent subvenir de manière imprévisible, réduisant par le fait même leur taux de photosynthèse, leur croissance et leur survie. Dans les systèmes forestiers naturels, les plantes réagissent à ces perturbations avec leurs réserves d’hydrates de carbone, principalement les hydrates de carbone non structuraux (CNS) qui peuvent se mobiliser pour améliorer la récupération et la survie en période de déficit de carbone. Cependant, il y a beaucoup d’incertitudes sur la contribution des CNS dans la réponse à des stress simples et multiples de manière simultanée. Ici, nous présentons deux études en cours sur les arbres urbains de Montréal afin d’établir le rôle fonctionnel des CNS afin de surmonter les périodes de déficit négatif de carbone causé par des facteurs de stress (comme l’élagage) et la relation entre les CNS et la biomécanique des plantes. Dans notre première étude, 20 arbres adultes furent assujettis à un élagage pour le maintien de lignes d’Hydro Québec et les réserves de CNS furent mesurées. Dans la deuxième étude, deux cents gaules furent soumis à trois facteurs de stress indépendamment et simultanés (défoliation, élagage des racines et l’endommagement des branches) et les CNS en réserve ont été mesurés. Nos résultats contribuent à la modélisation et à la prédiction de la capacité des arbres urbains à surmonter les stress d’origines humaine et naturelle.

Jorge Ramirez est Ingénieur forestier avec une maitrise en foresterie et en conservation de l’environnement. Il est présentement un étudiant au doctorat en biologie à l’UQAM.

Effets indirects du développement urbain historique et actuel de la région immédiate sur les communautés forestières herbacées du Mont St-Hilaire

Robin Beauséjour1, Tanya Handa2, Benjamin Gilbert3, Martin Lechowicz4 et Mark Vellend1 Département de Biologie, Université de Sherbrooke.2 Département des Sciences biologiques, Université du Québec à Montréal.3 Department of Ecology & Evolutionary Biology, University of Toronto. University of Toronto4 Department of Biology, McGill University. Malgré le fait que la strate herbacée joue un rôle primordial dans le maintien de la structure, des fonctions et de la biodiversité des forêts, les menaces pesant sur cette dernière demeurent sous-étudiées. Après un intervalle de 9 ou 40 ans, nous avons ré-échantillonné les communautés de sous-étage de placettes permanentes du Mont St-Hilaire (MSH), une forêt ancienne périurbaine d’environ 43 km2 à 40 km de Montréal.  Nous évaluons l’importance de deux moteurs potentiels des changements survenus lors de cette période : l’invasion des vers de terre exotiques et la densité élevée de cerfs de Virginie. Le MSH étant souvent considéré comme l’un des plus grands vestiges de forêt primaire de la Vallée du St-Laurent, le lien entre ces facteurs perturbateurs et le développement urbain ne paraît pas évident. Toutefois, depuis le 19e siècle, les perturbations anthropiques survenues au MSH sont loin d’être marginales, culminant dans des développements résidentiels importants en bordure de la moitié de ses frontières. Ainsi, en facilitant la dispersion des lombrics (pêche, agriculture, routes et sentiers) et en influençant la densité des cerfs (développements agricoles et résidentiels), l’étalement urbain périphérique pourrait avoir joué un rôle clé dans la dégradation de la strate herbacée du MSH. Agissant souvent en interaction, ces deux facteurs pourraient expliquer le déclin des espèces sensibles au broutage du cerf observé au cours du dernier siècle et de la dernière décennie au MSH.

 Après plusieurs années de travail comme technicien en biologie, il a complété son baccalauréat en biologie apprentissage par problèmes à l’UQÀM. Robin Beauséjour entame sa deuxième année de maîtrise en écologie des communautés végétales sous la supervision de Tanya Handa (de l’UQÀM) et de Mark Vellend (U. de Sherbrooke).

Comprendre les patrons régionaux et locaux des communautés zooplanctoniques

El-Amine Mimouni et Bernadette Pinel-Alloul

Groupe de Recherche interuniversitaire en Limnologie et Environnement Aquatique, Département de Sciences biologiques, Université de Montréal, C.P. 6128, Succ. Centre ville, Montréal, Québec, Canada, H3C 3J7. (el-amine.mimouni@umontreal.ca; bernadette.pinel-alloul@umontreal.ca) Les patrons de la biodiversité dans les milieux aquatiques urbains et les processus qui les déterminent sont peu connus et donc peu décrits dans les textes scientifiques. Des meilleures connaissances de base sur la distribution des espèces et leurs réponses aux stress environnementaux sontrequises. L’objectif de l’étude était d’identifier et d’expliquer les sources de variation de la composition des communautés de zooplancton dans les milieux aquatiques urbains. Durant le mois de juillet 2010, le zooplancton (Crustacea et Rotifera) fut échantillonné dans 18 milieux à aquatiques de types variés sur l¹île de Montréal. Nous avons décrit la variation spatiale des patrons de  biodiversité entre et à l¹intérieur des milieux aquatiques (littoraux et pélagiques) fondée sur les changements de composition en espèces. Les influences relatives de la qualité de l’eau, de l¹utilisation du territoire et des interactions entre les réseaux trophiques sur les communautésde cladocères furent évaluées. La richesse totale des espèces était de 81 espèces (46 Rotifera, 26 Cladocera, 9 Copepoda) et la richesse en espèces locales était de 6 à 36 espèces dépendant du milieu aquatique. D’un milieu aquatique à l’autre, la biodiversité était très variable avec la richesse spécifique totale pouvant atteindre jusqu’à 2.5 fois la richesse spécifique moyenne de tous les échantillons. La moyenne des échantillons peut sous-estimer la richesse spécifique de l’ordre de 18 espèces.  Dans les communauté de crustacés et de rotifères, les espèces littorales contribuent de manière importante à la biodiversité. Un test d’analyse de variance multivariée (MANOVA) a révélé qu¹une interaction était présente entre les sites et les zones d’échantillonnage, ce qui implique que, pour le milieu aquatique urbain, la relation entre les regions pélagique et littorale est plus complexe qu’on ne le croyait. La décomposition de la variance a révélé  que la majeure partie de celle-ci s’explique par les différences intersites, mais qu’une partie importante est aussi attribuable aux différences intrasites. Enfin, nous avons démontré que les communautés  zooplanctoniques sont influencées par des variables locales telles la quantité et la qualité de l’eau ou la présence de poissons et des variables à l’échelle du paysage telles l¹utilisation du territoire autour des milieux aquatiques ou la gestion de ces derniers. Par conséquent, l’emphase devrait être mise sur la gestion des milieux aquatiques notamment la qualité de l’eau et la vidange des étangs afin de préserver la biodiversité.

Diversité des Ptéridophytes dans les boisés urbains de l’Archipel de Montréal

Alexandre Bergeron et Stéphanie Pellerin Institut de recherche en biologie végétale, Université de Montréal et Jardin botanique de Montréal, 4101 Sherbrooke Est, Montréal, Québec, Canada, H1X 2B2. (alexandre.bergeron.1@umontreal.ca) Le maintien de la biodiversité dans les forêts urbaines est un défi en raison de l’accroissement de la demande pour les activités récréatives. Afin de mieux conserver la diversité des plantes et animaux indigènes dans ces écosystèmes, il est donc essentiel de comprendre les facteurs environnementaux qui peuvent mener à des modifications dans la composition de cette diversité. L’objectif de cette étude est de déterminer les relations entre la richesse en ptéridophytes dans les forêts urbaines et des déterminants à l’échelle du paysage tels que la grandeur des lots forestiers, leur isolation, les perturbations à proximité de ces lots et la présence d’ilot de chaleur. Les ptéridophytes furent échantillonnés dans 82 lots forestiers dans la région de Montréal (Québec, Canada). Les variables à l’échelle du paysage furent identifiées par l’entremise  d¹images satellite, de cartes d’utilisation du territoire et d’enquêtes de terrain. Une analyse en coordonnées principales de matrices de voisinage (Principal Coordinates of Neighbour Matrices), des modèles de régression et des techniques multivariées furent utilisés pour analyser les données. Au total, 38 espèces de ptéridophytes furent identifiées dans les 82 lots forestiers échantillonnés. Le modèle espèces-surface était le plus approprié avec 60% de la variation en richesse d’espèces de ptéridophytes expliqué par la grandeur de la surface des lots. Le modèle de régression utilisé sur certaines variables d’utilisation du territoire (proportion des milieux aquatiques, milieux résidentiels et les ilots de chaleur à l’intérieur d’une zone tampon autour des lots) a expliqué 28% de la variation de la richesse en ptéridophytes. Enfin, selon l’analyse de la variance, la majorité de la variation de la richesse en ptéridophytes à l’échelle des lots était liée à la grandeur des lots (38.5% par rapport à 6.8% pour les utilisations du territoire) et 21.3% de la variance était partagée entre les deux ensembles de variables. Alexandre Bergeron est biologiste. Il est présentement étudiant au doctorat à l¹Institut de recherche en biologie végétale sous la supervision de Stéphanie Pellerin (IRBV) et de Claude Lavoie (U. Laval). Son doctorat porte sur la biogéographie des boisés urbains avec une approche fonctionnelle et phylogénique.