Comment donner une bonne présentation scientifique

Développé par : Cédric Frenette Dussault, PhD

Dernière mise à jour : 15 avril 2016

Résumé

Prendre la parole lors d'un colloque, d'un séminaire départemental ou d'un cours universitaire fait partie des tâches courantes des chercheurs. On ne le réalise pas toujours, mais le processus débutant par la réflexion d'une structure de présentation et se terminant par la période de questions suivant une présentation demande beaucoup de temps et d'efforts afin d'avoir une communication efficace et intéressante. Le présent document vise à donner des outils aux jeunes chercheurs afin qu'ils améliorent leurs compétences en communication orale. Prendre la parole en public est beaucoup plus un art qu'une science. Ce qui est présenté ici est sous forme de conseils et non de règles fixes; ce sont des suggestions que vous pouvez intégrer lorsque vous devrez préparer une présentation orale. Dépendamment de votre personnalité, certains conseils seront plus utiles que d'autres. Plusieurs aspects y seront traités : s'adresser à un auditoire, bâtir une structure de présentation, concevoir des diapositives efficaces, comprendre les aspects humains en lien avec les présentations et gérer le stress et les situations difficiles. Ce document vous aidera à décider COMMENT préparer et donner une présentation, mais ne vous indiquera pas QUOI présenter. En effet, vous seul pouvez déterminer le contenu d'une présentation. Nous nous attarderons principalement à la façon dont on présente ce contenu.

Introduction

Appréciée par certains, redoutée par d'autres, la communication orale peut être très utile dans différentes situations. Dans le monde de la recherche, la fonction première des présentations orales est de diffuser de nouvelles connaissances. Ce moyen de communication a le potentiel de rejoindre un plus vaste public que ne pourrait le faire un article scientifique. Ce n'est toutefois pas suffisant. Il faut également convaincre nos auditeurs que nos travaux sont intéressants et qu'ils méritent qu'on leur accorde du temps pour en prendre connaissance.

Croyez-le ou non, même si vous ne vous considérez pas (encore !) comme un orateur de talent, vous êtes des experts de la communication orale ! En effet, vous avez, pour la plupart, assisté à des dizaines (voire des centaines) de présentations jusqu’à maintenant. Vous avez une compréhension intuitive de ce qui fait qu’une présentation est bonne ou mauvaise. Les caractéristiques communes aux présentations captivantes sont les suivantes : un présentateur passionné, de belles diapositives pas trop chargées, un propos clair et structuré, un bon timbre de voix énergique, un rythme facile à suivre et un contenu intéressant. Une mauvaise présentation est caractérisée par tout le contraire : un présentateur désorganisé, un timbre de voix monotone, des diapositives surchargées de détails, un présentateur qui parle trop vite ou qui ne regarde pas l'auditoire et un contenu insipide. Plus la présentation est mauvaise, moins l'auditoire se souviendra de la présentation.

Contrairement à la communication écrite, plusieurs chercheurs n'apprécient pas la communication orale à sa juste valeur. Combien de fois nous sommes-nous surpris à soupirer à l'idée de devoir assister à une présentation PowerPoint ? Pourtant, les présentations orales devraient être une source de motivation et d'intérêt chez les chercheurs. L'anticipation de se trouver coincé à écouter une présentation abrutissante nous empêche de nous concentrer sur le message. En perpétuant de mauvaises façons de présenter devant un auditoire, on contribue à cette perception négative des présentations orales. Une erreur majeure est de traiter la communication orale comme si c'était une communication écrite. Bien que dans les deux cas on veuille communiquer un message, on ne peut pas s'y prendre de la même façon, car ces deux modes de communication sont très différents. Par exemple, il est préférable de mettre moins de détails dans une présentation orale que dans un article scientifique, car un auditoire n'aura généralement pas la chance de réécouter certaines parties moins claires d'une présentation orale.

Pour éviter de créer une présentation faible et peu efficace, il n'y pas de secret : il faut mettre beaucoup d'efforts, ce que la plupart des gens sous-estiment. En moyenne, on devrait accorder d'une à deux heures par minute de présentation (e.g. de 15 à 30 heures de préparation pour une présentation de 15 minutes). Ceci peut sembler excessif, mais c'est absolument nécessaire si on veut contrôler tous les aspects de la communication orale. Le présent atelier explore les différents aspects de la communication orale en mettant l'emphase sur les bonnes pratiques à adopter. Les aspects suivants seront abordés : s'adresser à un auditoire, structurer son propos, bien débuter et terminer une présentation, créer des diapositives pertinentes, porter attention aux éléments humains et gérer le stress et les situations difficiles.

S'adresser à un auditoire

Malgré tous les efforts mis à préparer une présentation, plusieurs facteurs externes peuvent en influencer la qualité : l'auditoire, l'objectif de la présentation et l'occasion. La section suivante présente quelques éléments à prendre en considération lors de la préparation d'une communication orale.

Lorsqu’on fait une présentation, il faut toujours se rappeler qu’on doit créer un lien avec l’auditoire. Ça semble évident, mais beaucoup de présentateurs oublient ce principe de base. On fait toujours une présentation pour les autres et non pour soi-même ! Il faut mettre l’auditoire au CENTRE de nos préoccupations : ils se déplacent pour nous écouter et vont se demander pourquoi ça vaut la peine qu’on nous écoute. Un présentateur qui ne se soucie guère de ce principe ne fera pas attention au niveau de l'auditoire, essaiera de couvrir trop de matériel, utilisera beaucoup de détails et de termes complexes et ne prendra pas la peine de regarder les gens.

Lorsqu’on prépare sa présentation, il faut se demander quel genre d'auditoire sera présent. Il faut faire l'effort de se poser cette question même si ça peut sembler abstrait. Bien sûr, on ne peut pas connaître personnellement tous les gens qui seront présents, mais on peut certainement identifier certaines caractéristiques de la majorité :

  • Qui sont ces gens ? Des experts de notre domaine, des scientifiques d'un autre domaine, des membres d'organisations non gouvernementales, des représentants d'agences gouvernementales ou des gens du grand public ?
  • Quelles sont leurs connaissances de base ? Ont-ils des connaissances très pointues ou n'ont-ils que peu de connaissances scientifiques ?
  • Quels sont leurs intérêts ou motivation à venir assister à la présentation ? Sont-ils intéressés par une nouvelle méthodologie ou par les applications potentielles ?

Ces questions vont nous aider à identifier ce que l'auditoire pourra comprendre et ce qui l'intéressera. Il faut constamment se demander si l’auditoire pourra comprendre tel ou tel détail et si l’auditoire sera intéressé par tel élément ou détail. De cette façon, il sera plus facile d'établir un lien avec l'auditoire. Dépendamment de l'auditoire, la portée et la profondeur du propos pourront être adaptées en conséquence. La portée fait référence aux limites de la présentation, tandis que la profondeur fait référence au niveau de détails et de complexité. Considérez l'exemple suivant : vous devez donner une conférence sur l'évolution. La portée et la profondeur vont différer grandement selon que vous donniez cette conférence à des élèves du secondaire ou à un groupe de professeurs en écologie. Dans le premier cas, vous devrez probablement parler de Darwin et de son voyage aux îles Galápagos, illustrer ce qu'est un gène et expliquer le processus de sélection naturelle. La portée est très large (vous devez fournir beaucoup d'explications contextuelles autour du sujet de l'évolution) et vous ne pourrez pas aller très en détail. Cependant, cela facilitera la compréhension des élèves. Dans le second cas, l'auditoire composé de professeurs s'attend à un peu plus de substance de votre part. Il n'est pas nécessaire de faire une mise en contexte aussi générale, mais il devra y avoir des éléments novateurs et plus complexes pour accrocher leur intérêt. Si vous avez bien cerné votre auditoire, vous pourrez trouver un équilibre entre la portée et la profondeur du propos afin de maintenir leur intérêt. C'est un des premiers éléments sur lesquels vous devez réfléchir lorsque vous préparez une présentation.

L'auditoire est rarement un groupe homogène. On présente souvent devant un mélange de gens avec divers intérêts et connaissances de base. Lorsque les gens de l'auditoire proviennent de différents horizons, il faut faire varier notre niveau de complexité et de profondeur tout au long de la présentation, car les ATTENTES de chacun ne sont pas les mêmes. Les spécialistes vont vouloir nous entendre sur les détails plus complexes et s’attendent à retrouver un présentateur qui maîtrise son sujet. Les autres scientifiques ont des bases pour comprendre ce qui a été fait, mais ne sont pas au courant des dernières percées dans le domaine et ne comprendront peut-être pas bien l’importance du travail : c’est pourquoi il est important de faire ressortir cet aspect. C’est également important d’avoir un bon niveau de vulgarisation (surtout au début de chaque section), car des membres du public ayant une grande importance (e.g. membres du gouvernement pour le financement, ONG pour l'application de nouvelles connaissances) et de jeunes étudiants (i.e. futurs scientifiques) peuvent également s’y trouver. Il ne faut pas avoir peur de parler de principes qui semblent SIMPLES ou BIEN CONNUS. Ça ne devrait pas ennuyer les spécialistes, en autant que c’est bien expliqué. Le schéma ci-dessous résume bien la stratégie à adopter devant un auditoire varié. De manière générale, on débute chaque section par des idées faciles à comprendre de tous et on progresse petit à petit vers des idées plus complexes. De cette manière, tout l'auditoire pourra retirer quelque chose de la présentation.

Faire varier le niveau de complexité du discours permet de rejoindre un auditoire plus vaste. À chaque début de section, on se dirige du plus simple au plus complexe.

Les réactions de l'auditoire peuvent également être très utiles afin d'adapter la présentation en temps réel. Bien sûr, ceci demande une maîtrise avancée des habiletés de présentation, mais certains indices peuvent indiquer si la présentation se déroule bien ou non. Si plusieurs personnes hochent la tête ou sourient, ça suggère généralement que vous êtes sur la bonne voie. À l'inverse, si plusieurs personnes bâillent ou regardent par terre, vous avez complètement perdu leur intérêt, que ce soit parce que la présentation est trop complexe ou parce que le rythme est ennuyant.

L'objectif de la présentation dont il est question ici n'est pas par rapport à ce qu'on veut que les gens retiennent de la présentation, mais plutôt l'objectif général de communication. On considère généralement quatre grands objectifs de communication : informer, persuader, inspirer et divertir. On informe un auditoire lorsqu'on lui transmet des informations et des connaissances. On essaie de persuader un auditoire lorsqu'on souhaite le convaincre que ce nous disons est vrai et qu'il adhère à notre position. On inspire des gens pour les faire rêver, les faire réfléchir à de grandes idées. Divertir un auditoire revêt généralement un aspect léger et comique. Il est important de connaître notre objectif, car dépendamment de l’objectif de notre présentation, l’auditoire aura des attentes différentes. Dans le cadre d'une présentation scientifique, les deux objectifs principaux sont généralement d'informer et de persuader l'auditoire. Les scientifiques sont souvent très doués pour informer : ils présentent des données, des statistiques, des faits et des arguments logiques. Toutefois, ils sont plus faibles au niveau de la persuasion. La persuasion est très importante dans une présentation scientifique, car on doit absolument convaincre l'auditoire que nos recherches sont intéressantes et pertinentes et qu'on mérite le temps qu'ils nous accordent.

Pour améliorer notre effet persuasif sur un auditoire, il faut utiliser une combinaison de connaissances, d'émotions et de crédibilité. Ce sont des idées anciennes développées par Aristote dans son ouvrage sur la rhétorique. Aristote reconnaît trois aspects principaux de la persuasion : le logos, le pathos et l'ethos. Le logos (raison en grec) fait référence aux éléments logiques et rationnels en faveur d'un argument. Les résultats d'une expérience, les faits avérés, les déductions logiques ainsi que les statistiques en sont des exemples courants. Le pathos (passion en grec) fait appel aux émotions de l'auditoire pour créer un lien. L'utilisation de métaphores, d'anecdotes et d'un ton de voix passionné sont des exemples qui permettent de créer un lien émotionnel avec l'auditoire. L'ethos (caractère en grec) fait référence à la crédibilité et à la confiance que projette le présentateur. Démontrer de la crédibilité en début de carrière n'est pas toujours évident. Un chercheur connu mondialement a une notoriété beaucoup plus forte (et donc plus d'ethos) qu'un jeune chercheur. Les gens seront portés à accepter ses propos plus facilement que dans le cas du jeune chercheur. Toutefois, en adoptant une bonne posture, en parlant clairement et en démontrant qu'on maîtrise notre sujet, on arrive à améliorer notre niveau de crédibilité. Faire référence à des travaux de chercheurs reconnus peut aussi être efficace.

Bref, en combinant des éléments du logos, du pathos et de l'ethos, on augmente notre effet persuasif et on maximise nos chances que l'auditoire soit en accord avec nos propos et que leur intérêt soit maintenu jusqu'à la fin de la présentation. De plus, le message qu'on souhaite que l'auditoire retienne sera beaucoup mieux compris et mémorisé. Bien sûr, le contenu scientifique derrière la présentation doit être solide pour que ça fonctionne !

L'humour dans une présentation

C’est écrit nulle part qu’une présentation scientifique doit être ENNUYANTE ! Pourtant, nous avons tous en tête une présentation (ou plusieurs !) qui n'avait rien d'accrocheur et où nous attendions la fin avec impatience. La section précédente a montré comment rendre une présentation plus agréable et efficace par l'utilisation du logos, du pathos et de l'ethos. L'humour peut également être utilisée pour pimenter une présentation. Si l'humour permet de garder l’attention de l’auditoire, de mettre l’emphase sur un élément important ou de clarifier un point, c'est une bonne idée de l'utiliser. Sinon, il faut se demander pourquoi on utilise l’humour.

Un peu d'humour permet de connecter plus facilement avec l'auditoire (i.e. ça augmente le pathos), mais il faut faire attention. Si on utilise trop souvent l'humour, ça risque de diminuer notre crédibilité et notre sérieux (i.e. affecter l'ethos). De plus, utiliser l'humour ne signifie pas raconter des blagues. L'humour est “une forme d'esprit qui s'attache à souligner le caractère comique, ridicule, absurde ou insolite de certains aspects de la réalité” (Dictionnaire Larousse). L'humour a l'avantage que si personne ne rit, ça ne paraîtra pas et vous pourrez continuer votre présentation comme si de rien n'était. Par contre, si vous racontez une blague et que personne ne rit, ça va faire très mal à votre crédibilité.

Les types d'humour “sécuritaires” dans le cadre d'une présentation scientifique sont ceux reliés à l'actualité, au contenu de la présentation ou à la science en général. Un peu d'auto-dérision peut être utilisé pour montrer qu'on est humain (bon pour le pathos), mais il ne faut pas en abuser pour ne pas diminuer l’ethos. Raconter une anecdote est une bonne idée. Aussi, quelque chose d’inattendu peut faire rire. Tout le reste, on laisse tomber !

Généralement, c’est facile de faire rire ou sourire un auditoire, car les gens (à tout le moins la plupart) veulent que ça se passe bien : ils sont sympathiques à notre cause. Bref, l'humour peut être un ajout efficace à une présentation. Toutefois, si vous n'avez pas un grand sens de l'humour ou si vous n'êtes pas à l'aise, vous devriez probablement laisser tomber cet élément, sinon vous risquez de créer un malaise.

L'occasion fait référence au contexte de la présentation : la formalité de l'événement, le moment de la journée, le temps accordé, la taille de l'auditoire ainsi que le lieu de présentation. Tous ces facteurs vont influencer la forme d'une présentation. Par exemple, on ne peut pas donner exactement la même présentation en fonction du moment de la journée. En début de journée, les gens sont frais et dispos et peuvent demeurer concentrés pendant de plus longues périodes. Si nous avons une présentation prévue pour ce moment de la journée, on peut se permettre d'avoir une présentation plus détaillée et complexe. Par contre, si notre présentation est prévue tout de suite après le dîner, les gens vont être beaucoup moins concentrés et il sera préférable de réduire le niveau de complexité de la présentation. Il en est de même pour le dernier après-midi d'un colloque de plusieurs jours : les gens ont hâte de quitter !

Un autre exemple qui influence la présentation est la durée allouée. Dans le cadre d'un colloque scientifique, la durée de présentation impose généralement une limite temporelle. La structure doit être pensée afin de respecter cette contrainte. C'est très irrespectueux pour l'auditoire et les autres présentateurs de dépasser le temps alloué. Si vous trouvez que le temps alloué n'est pas suffisant, cela signifie que votre structure n'est pas adéquate. Vous devrez la retravaillez pour respecter le temps alloué. Rappelez-vous ceci : vous pouvez parler d'un sujet en deux minutes ou en une heure. Tout dépend du contexte !

Structurer sa présentation

Concevoir la structure d'une présentation est l'une des étapes les plus importantes lors de la préparation : une bonne structure permet de se limiter dans ce qu’on veut dire et diminue les risques de s'étendre inutilement. Une bonne structure aide aussi l'auditoire à suivre la présentation sans effort. Avant même de penser à ouvrir PowerPoint, il faut que les idées soient organisées de façon logique et claire. Si l’auditoire est capable de comprendre l’organisation logique des idées, la compréhension du contenu va être grandement facilitée. Afin que l’auditoire puisse tirer un maximum de la présentation, le présentateur doit servir de guide. Le présentateur doit aider l'auditoire à comprendre la structure, identifier les transitions et souligner les éléments importants. Ceci permet à l’auditoire de comprendre la logique derrière la présentation.

Une bonne structure nécessite de passer par cinq étapes de base :

  • Identifier le but
  • Cerner l'auditoire
  • Identifier les idées principales
  • Faire les liens logiques entre les idées
  • Identifier les transitions et les éléments importants

Les deux premières étapes ont été présentées à la section précédente. Le but d'une présentation scientifique est généralement d'informer et de convaincre. L'auditoire d'une telle présentation est généralement composé de scientifiques avec différents niveaux de compréhension du sujet, d'où l'importance de faire varier le niveau de complexité tout au long de la présentation. Cerner l'auditoire permet également de déterminer la portée de la présentation.

Lorsqu'on identifie les idées principales d'une présentation, il n’est pas nécessaire d'écrire un texte complet; il faut plutôt identifier les idées importantes qui doivent être abordées durant la présentation. Il est important de bien faire le tri entre ce qui est nécessaire à la compréhension et ce qui ne l’est pas. Les présentateurs ont souvent de la difficulté à faire ce tri (i.e. ils incluent trop de détails!) et ils font l'erreur d'aborder tout ce qu'ils savent lors d'une présentation. Comment ne pas saturer l'auditoire en présentant de la sorte ?

Lorsque les idées principales ont été identifiées, il faut les relier entre elles de manière logique, que ce soit de manière chronologique, par problème-solution, en regroupant les parties similaires ensemble ou par déduction. C’est souvent la partie la plus difficile, car il faut que les transitions se fassent de manière naturelle, i.e. que l’auditoire ne soit pas dérouté d’une diapositive à l’autre. Il n'y a pas de recette miracle pour structurer les idées : il faut y réfléchir longuement ! Je vous propose tout de même une manière de procéder : identifier un message principal, une question associée et un résultat marquant faisant le lien entre les deux. Vous devez d'abord identifier l'idée principale de la présentation, c'est-à-dire ce que les gens devraient se rappeler après vous avoir entendu. Si vous commencez en identifiant cette idée, vous vous assurez que la présentation soit basée sur celle-ci et de ne pas trop vous étendre. Lorsque vous êtes convaincus d'avoir identifié le message principal (un seul et pas plusieurs !), la question associée à ce message devrait être plus simple à formuler. Cette question sert de point de départ et permet de justifier le travail accompli. La question doit être intéressante et un peu intrigante pour que l'auditoire soit intéressé dès le début. Ensuite, il faut ajouter un résultat marquant qui puisse faire le lien entre la question et le message principal. Si vous n'êtes pas capables d'identifier un résultat pouvant faire le lien, votre idée principale ou votre question est peut-être mal formulée. Finalement, lorsque ces trois éléments sont bien définis, il ne reste plus qu'à ajouter une mise en contexte, quelques détails méthodologiques pour obtenir le résultat et une analyse des résultats. Voilà une structure simple et efficace ! La figure suivante illustre cette façon de faire.

Pour que l'arrangement des idées entre elles soit plus facile, il faut d'abord identifier l'idée la plus importante que l'auditoire devrait retenir. Ceci aide à formuler une question en lien avec cette idée. Finalement, pour relier la question au message, ça prend un lien logique qui est souvent un résultat marquant.

Dans le cadre d’une présentation scientifique, la structure contient plus ou moins les éléments qu'on retrouve dans une communication écrite (introduction, hypothèses, méthodologie, résultats et discussion), mais on ne peut pas se contenter de simplement suivre cette structure de manière linéaire. Contrairement à un article, où la structure est relativement linéaire, la présentation orale doit fréquemment faire des retours en arrière pour rappeler à l'auditoire les éléments importants qui ont déjà été présentés. Il faut notamment rappeler quelles sont les hypothèses pour mieux apprécier les résultats et l'analyse qui en découle. Ceci est d'autant plus vrai lorsque la présentation contient deux expériences ou projets. Dans un article scientifique, on décrirait toute la méthodologie des deux expériences, on présenterait ensuite tous les résultats découlant de ces deux expériences et finalement la synthèse des résultats. Dans le cadre d'une présentation orale, il est préférable de présenter de façon séquentielle, c'est-à-dire de présenter la première expérience en entier (i.e. des hypothèses jusqu'à la discussion) et ensuite la deuxième expérience en entier. Bien sûr, il faut inclure une mise en contexte générale ainsi qu'une conclusion faisant le lien entre les deux expériences. De plus, il faut faire des retours en arrière à chaque section et à la fin de la présentation pour s'assurer que l'ensemble a été compris.

Lorsque les liens entre les idées sont clairs, il reste à identifier les transitions et les endroits où l'on doit mettre l'emphase. Les transitions peuvent être communiquées de plusieurs façons : verbalement (e.g. “Ceci conclue la section X. Maintenant, enchaînons avec…”), visuellement (e.g. le design de la diapositive change au début d'une nouvelle section) ou par une pause. Concernant les pauses, il n’y a pas de mal à arrêter de parler pendant quelques secondes lorsqu’on donne une présentation. On peut avoir l’impression que l’auditoire pense qu’on ne sait plus quoi dire, mais c’est le contraire. Une pause, c’est comme un paragraphe dans un texte : ça laisse les gens respirer ! La dernière transition (i.e. celle juste avant la conclusion) est très importante, car elle indique la fin. Les gens risquent d’être plus attentifs à ce que vous dites, donc c'est le moment d'en profiter pour mentionner le message à retenir. Si vous indiquez bien à votre auditoire que la présentation est sur le point de se terminer, le niveau d'attention sera plus élevé.

Si on ne met pas l’emphase aux endroits clés, les gens ne retireront pas grand chose de la présentation et auront de la difficulté à faire la distinction entre ce qui important et ce qui l'est moins. On peut mettre l'emphase sur ce qui est important de différentes façons : en le répétant plusieurs fois au cours de la présentation, en l'énonçant explicitement (e.g. “Ceci est important parce que…”) ou en ajoutant un élément visuel (e.g. en changeant la police ou la couleur d'une diapositive, en ajoutant une flèche rouge sur un graphique pour montrer où regarder). L’auditoire, surtout grand public, a besoin qu’on lui répète les choses pour comprendre et s’en rappeler. Plusieurs présentateurs hésitent à répéter certaines idées par peur de paraître redondant. C'est une mauvaise perception, car l'auditoire ne connaît pas le sujet aussi bien que vous, donc vous devez répéter les éléments importants pour s'assurer que l’auditoire s’en souvienne.

Lorsqu'un scientifique s'adresse à un public non scientifique, dans le cadre d'une conférence grand public ou durant un bulletin de nouvelles télévisé par exemple, celui-ci doit accorder une très grande importance à la structure de son propos s'il veut communiquer ses informations efficacement. Plusieurs façons de faire, tout à fait acceptables lorsqu'on discute avec des collègues scientifiques, sont problématiques lorsqu'on s'adresse à un auditoire non scientifique. Les scientifiques ont souvent tendance à s'intéresser à ce qui n'est pas (encore) connu au lieu de ce qui est bien établi. Ceci est tout à fait approprié dans un contexte de recherche scientifique, mais pas pour une conférence grand public. Un auditoire généraliste a besoin d'une bonne mise en contexte en plus qu'on lui explique les bases de la science. L'utilisation d'exemples, de points de repère et d'images est nécessaire pour qu'une personne sans formation scientifique puisse se figurer de manière simple des concepts scientifiques complexes. Une autre erreur courante est d'aborder trop d'éléments à la fois. C'est beaucoup plus difficile pour le grand public de discerner ce qui est le plus important à travers une multitude d'informations scientifiques. C'est pourquoi les scientifiques devraient s'en tenir à l'essentiel dans un tel contexte. Il ne faut pas non plus hésiter à signaler, voire répéter, ce qui est important. De cette manière, la compréhension en est facilitée. Finalement, il faut porter attention au vocabulaire utilisé. Il est préférable d'utiliser un langage simple, mais compris de tous, pour mieux communiquer un message. Il faut éviter tout jargon scientifique. Par exemple, il est préférable de dire “causé par les humains” plutôt que “d'origine anthropogénique” et “qui changent au fil du temps et de l'espace” plutôt que “variations spatio-temporelles”.

Pour vous en convaincre, consultez divers communiqués de presse. Vous verrez que la structure est adaptée à un auditoire non scientifique et diffère grandement de la structure scientifique habituelle. La figure suivante, tirée de la revue Physics Today, illustre ce concept. Les scientifiques ont l'habitude de commencer par une mise en contexte détaillée suivie des détails méthodologiques, des résultats et de la conclusion. Pour un auditoire non scientifique, il faut inverser cette structure : on doit commencer par ce qui le plus marquant ! Ensuite, il faut expliquer pourquoi cette information est importante, mais pas d'un point de vue scientifique. Il faut la mettre dans un contexte qui permette à l'auditoire de réaliser quels en sont les impacts concrets (économiques, sociaux, politiques, éthiques) pour lui, son entourage ou son mode de vie. Finalement, on termine avec quelques détails qui permettent de préciser ce qui est présenté. Cette structure a l'avantage de ne pas attendre jusqu'à la fin pour identifier ce qui est important et ce que ça implique.

Pour établir un lien rapidement avec un auditoire non scientifique, on doit commencer par les détails les plus accrocheurs.

Bien débuter... et finir sa présentation

Le début et la fin d'une présentation sont deux moments cruciaux pour le présentateur et l'auditoire. Le début de la présentation donne le ton à la suite. Un début en force donne confiance au présentateur, permet de susciter l’intérêt de l’auditoire et leur permet de comprendre où le présentateur s’en va (et éventuellement mieux s’en rappeler). Bien débuter nous assure que l’auditoire va embarquer pour la suite. Une bonne conclusion permet de bien synthétiser le propos et nous permet de s'assurer que la présentation se termine sur ce qui est important à se rappeler avant d'enchaîner avec la période de questions.

Il est très important de prendre son temps lorsqu'on débute une présentation, car l’auditoire doit s’adapter au présentateur (sa personnalité, son débit, sa voix et son sujet). On voit trop souvent des présentateurs qui débutent en lisant leur titre de présentation et qui enchaînent tout de suite dans le vif du sujet. L'auditoire se pose souvent plusieurs questions au début (qui est cette personne?, que représente l'image sur la première diapositive?, etc.) et risque de ne pas bien suivre la suite de la présentation si le début est trop rapide. Une bonne introduction doit répondre aux questions suivantes :

  • De quoi va-t-on parler ?
  • Pourquoi est-ce important ?
  • Qu'est-ce qui est nécessaire pour bien comprendre ?
  • Quelle est la structure de la présentation ?

De quoi va-t-on parler? Ça semble trivial, mais beaucoup de présentateurs ne le font pas explicitement : ils montrent leur première diapositive à peine quelques secondes en lisant le titre rapidement. C'est beaucoup trop vite pour l'auditoire ! On doit prendre le temps d’expliquer de quoi on va traiter. Ça vaut la peine de rester plus longtemps sur la première diapositive, de mettre un titre plus informatif et de ne pas lire le titre mot pour mot. De plus, c’est important de bien dire de quoi il va être question afin que l’auditoire n’ait pas de fausses attentes. Pour ce qui est du titre, il est doit être précis, informatif, accrocheur et court. On ne peut pas utiliser le même format de titre que pour une communication écrite. C'est une bonne pratique de mettre le titre sous forme de question, car ça donne l'impression que le présentateur va tenter d'y répondre. Il faut également éviter de mettre le résultat principal dans le titre. Par exemple, considérez le titre suivant (provenant d'un article du Journal of Vegetation Science) :

Functional structure of an arid steppe plant community reveals similarities with Grime's C-S-R theory.

Le titre, bien qu'informatif, est beaucoup trop long et formel en plus de révéler le résultat principal de l'étude. Voici une version modifiée de ce même titre qui serait plus appropriée pour une présentation orale :

Is Grime's C-S-R theory valid in arid ecosystems?

Sous cette forme, le titre est beaucoup plus court, mais en dit quand même suffisamment pour savoir de quoi il est question. La forme interrogative permet de susciter un plus grand intérêt.

Pourquoi est-ce important? Beaucoup de chercheurs font l’erreur de ne pas mettre assez en valeur leur projet de recherche avant de détailler le projet à proprement parler. L'auditoire va se demander pourquoi c’est important. S’ils ne trouvent pas de réponse dès le début, il y a fort à parier qu’ils vont être distraits pour la suite. Ça peut être pertinent d’utiliser un exemple pour ne pas que ça reste trop abstrait. Pour accrocher l’attention de l'auditoire, plusieurs options sont possibles : une donnée surprenante, une anecdote, une question de rhétorique, une citation « choc » ou un problème qu’on va résoudre pendant la présentation. Il faut trouver quelque chose en commun avec l’auditoire.

Mentionner ce qui est nécessaire pour bien comprendre le sujet est essentiel surtout lorsque l’auditoire est composé de gens provenant de divers horizons. C’est bon de présenter quelques concepts importants pour bien comprendre, mais aussi de dire ce qu’on suppose que les gens savent déjà. Ainsi, les gens avec moins de connaissances vont pouvoir ajuster leurs attentes. C’est également bon de donner une mise en contexte. Ça aide à mieux comprendre pourquoi le travail a été réalisé.

Lorsque la présentation est longue (plus de 30 minutes), il est utile d’avoir une diapositive qui montre la structure de la présentation, car ça donne une idée aux gens de la durée de la présentation et ils vont pouvoir se situer tout au long de la présentation. Assister à une présentation sans savoir quand ça va finir peut être pénible.

Bref, l'introduction devrait être composée de diapositives créant une mise en contexte (incluant la toute première diapositive) avec des éléments qui justifient explicitement l'importance du sujet et d'une diapositive détaillant la structure de la présentation si nécessaire.

Bien terminer sa présentation est essentielle pour que l'auditoire garde un souvenir positif de la présentation et du présentateur. La conclusion doit s'inscrire dans une démarche logique : les propos avec lesquels on termine doivent découler naturellement de tout ce qui a été dit précédemment. La conclusion sert à mettre l'emphase sur le message principal (i.e. ce qu'on veut que l'auditoire retienne). Ce n'est pas le temps d'introduire de nouveaux éléments de compréhension du sujet (ce qui est différent d'une ouverture).

Les présentateurs terminent très souvent par une diapositive contenant les mots “Merci !” ou “Questions ?”. En plus d'être inutile, cette pratique n'apporte rien à la compréhension du sujet. Une meilleure pratique consiste à terminer avec une diapositive contenant le message principal et une figure en lien avec ce message. L'avantage d'une telle pratique est substantielle : l'auditoire a toujours le message important sous les yeux pendant la période de questions. L'image suivante donne un exemple de diapositive de conclusion efficace.

Une diapositive de conclusion efficace contient le message principal. Basé sur Alley (2013).

Les présentateurs incluent généralement une diapositive de remerciement à la fin de leur présentation. Je vous suggère, pour conclure, de présenter votre diapositive de conclusion, ensuite celle des remerciements et finalement de remettre la conclusion pour la période de questions.

La conception des diapositives

La conception (ou design en anglais) des diapositives d'une présentation influence grandement la réceptivité de l'auditoire au message. Le design fait référence à l'esthétique, mais également à la structure et à l'organisation des idées. C'est un mélange d'art et de technique. Donald Norman, chercheur émérite en sciences cognitives, affirme que plus quelque chose est agréable à regarder, plus on est intéressé à comprendre son fonctionnement, sa raison d'être. Ce principe s'applique très bien aux présentations avec support visuel : l'auditoire sera plus enclin à nous écouter si nos diapositives sont bien conçues et agréables à regarder. Le contraire est malheureusement vrai ! Rien ne suscite plus l'ennui qu'une présentation de diapositives surchargées de texte, récitée sur un ton monotone. La bonne nouvelle, c'est que c'est relativement facile de corriger ce problème.

Le mauvais design découle en grande partie des paramètres par défaut de logiciels tels que PowerPoint. Les paramètres par défaut sont mauvais pour plusieurs raisons :

  • Titre écrit trop gros et centré (perte d’espace)
  • Titre court et peu informatif
  • Gabarits et animations quétaines.
  • Incitation à ajouter (beaucoup de) texte sous forme de liste (i.e. bullet points)
  • Peu d'interaction avec l'auditoire

Les listes, bien que couramment utilisées, ne montrent pas les liens causaux entre les éléments. Les listes peuvent seulement montrer une chose à la fois : 1) la hiérarchie entre les éléments, 2) leur importance relative ou 3) l’appartenance à un groupe. Les listes ne permettent pas non plus de faire ressortir ce qui est le plus important. Les listes peuvent être utiles à l'occasion, mais il faut faire attention de les utiliser avec parcimonie. Les listes doivent être l'exception plutôt que la norme dans une présentation.

Les diapositives surchargées de texte causent un autre problème : l'attitude passive du présentateur. Lorsqu'une diapositive est remplie de texte, le présentateur sera toujours tourné vers celle-ci pour en lire le contenu au lieu de faire face à l'auditoire afin de créer un contact. Ce genre de pratique diminue grandement la crédibilité (i.e. l'ethos) du présentateur.

Malgré cela, on continue à assister à des présentations où les listes s'enchaînent les unes après les autres. Tout le monde sait qu'une telle pratique est néfaste pour la compréhension et l'intérêt de l'auditoire. Pourtant, plusieurs présentateurs le font (consciemment ou non) parce que c'est la solution facile. Rappelez-vous que pour livrer une présentation mémorable, il faut fournir un effort soutenu !

Utiliser des listes de texte à l'excès crée une surcharge cognitive, c'est-à-dire un état où le récepteur est submergé d'information et ne peut plus la traiter convenablement. Si le présentateur se contente de lire ce qui est écrit sur les diapositives, les gens de l'auditoire ont alors trois options pour suivre la présentation :

  • Lire les diapositives sans écouter le présentateur (à quoi sert le présentateur?)
  • Écouter le présentateur sans lire les diapositives (pourquoi montrer des diapositives?)
  • Alterner entre les diapositives et le présentateur (option couramment choisie, mais inefficace)

Peu importe l'option choisie, le niveau de compréhension de la présentation sera plus faible. Essayer de traiter trop de mots écrits et parlés en même temps fait qu’on ne peut plus se concentrer sur le contenu, car c'est la même zone du cerveau qui traite ce qu'on lit et les paroles qu'on entend. Souvent, une mauvaise diapositive peut être pire pour la compréhension que l'absence de diapositive. Une meilleure pratique consiste à utiliser une image pour communiquer de l'information. Les images sont traitées par une autre zone du cerveau, ce qui diminue le risque de surcharge cognitive. Un présentateur qui s'adresse à son auditoire en montrant une image facilite la compréhension du contenu et évite d'être toujours tourné vers l'écran pour y lire ce qui est écrit.

Afin d'améliorer la façon dont vous concevez les diapositives d'une présentation scientifique, je vous suggère d'utiliser le modèle “Affirmation/Démonstration” (AD). Le principe est simple : on combine une phrase explicite avec une preuve visuelle. Ce modèle a été développé par Michael Alley, professeur associé en ingénierie au Pennsylvania State University, dans le but d'améliorer les pratiques courantes de présentations scientifiques.

L'image ci-dessous illustre la structure générale du modèle AD. Tout d'abord, on écrit UNE idée principale (i.e. l'affirmation) sous forme de phrase dans le coin supérieur gauche. Le texte, aligné à gauche, doit idéalement tenir sur une ligne, mais ne doit pas dépasser deux lignes. L'idée présentée doit être claire, précise et brève : on évite donc les titres peu explicites tels que “mise en contexte”, “résultats” ou “théorie”. Le but de cette phrase est que l'auditoire comprenne rapidement de quoi il est question afin de pouvoir se concentrer sur les explications que le présentateur donne à propos de l'image. Il n'est pas nécessaire d'avoir une taille de police excessivement grande. Une taille d'environ 28 est généralement suffisante pour que les gens au fond d'une salle puisse lire et pour éviter de prendre trop de place sur la diapositive. On choisit une police sans empattement (i.e. sans serif font), car c'est plus facile à lire sur un écran. On place ensuite une preuve visuelle qui vient appuyer l'affirmation : ce peut être une image, une figure, un schéma, un graphique ou même un tableau. Cette preuve visuelle doit être en lien direct avec la phrase située juste au-dessus.

Voici la structure générale du modèle Affirmation/Démonstration.

C'est une technique efficace et très simple, mais ça demande des efforts pour bien la maîtriser. On doit éviter de retomber dans la mauvaise habitude de mettre trop de texte sur les diapositives. L'exemple suivant montre la même diapositive avant et après avoir employé le modèle AD. La diapositive de gauche donne l'impression de servir d'aide-mémoire au présentateur. Une telle pratique incite celui qui présente à lire les éléments qui se trouvent sur la diapositive sans vraiment chercher à expliquer l'idée principale. Ceci est un échec du point de vue de la communication. Rappelez-vous que l'intérêt de faire une présentation orale est de transmettre de l'information à un auditoire. Agencés de la sorte, les éléments ne montrent aucunement le principe qu'on souhaite expliquer (ici, le filtrage environnemental des espèces par les traits fonctionnels). De plus, l'image n'apporte rien à la compréhension : c'est plutôt une distraction ! La diapositive de droite, après avoir été mise au format du modèle AD, est beaucoup plus appropriée pour l'auditoire. La phrase est explicite et brève et le schéma démontre clairement le principe de filtrage environnemental. La flèche illustre bien que le processus se produit du pool régional à la communauté locale. Un tel schéma facilite grandement la compréhension : l'auditoire va pouvoir lire la phrase rapidement pour ensuite se concentrer sur les explications concernant le schéma. Plus besoin d'alterner entre ce que dit le présentateur et ce qui est écrit sur la diapositive !

Un exemple typique de diapositive peu efficace. On peut grandement améliorer la compréhension en utilisant le modèle Affirmation/Démonstration.

Pour améliorer le design des diapositives, il suffit simplement de se rappeler de l'acronyme CRAP proposé par Robin Patricia Williams, auteure de plusieurs livres dont The non-designer's design book. Ces quatre principes ont pour but d'unifier et d'organiser la présentation en améliorant l'aspect visuel des diapositives :

  • Contraste
  • Répétition
  • Alignement
  • Proximité

Le contraste sert à attirer l'attention sur un élément important. On peut créer un contraste de plusieurs façons : en utilisant deux types de police, en modifiant la taille du texte, en utilisant une autre couleur ou en utilisant des éléments verticaux et horizontaux. Pour que le contraste soit vraiment efficace, il faut qu'il soit fort. Utiliser une police de taille 30 et une autre de taille 32 ou utiliser un vert pâle avec un vert plus foncé n'est pas vraiment un contraste !

La répétition fait référence à des éléments du design qui reviennent régulièrement tout au long la présentation. Par exemple, si vous utilisez le modèle AD pour vos diapositives, c'est une forme de répétition qui donne de la cohérence et de l'uniformité à la présentation (une bonne chose pour la crédibilité). Ça peut également être un élément visuel qui se répète durant la présentation, comme la couleur de fond des diapositives ou un schéma qui rappelle un élément important.

L'alignement permet de créer un lien visuel entre les différents éléments d'une diapositive. Ceci permet de mieux organiser les éléments de la diapositive pour créer un tout harmonieux. Aligner le texte à gauche ou placer plusieurs images sur une grille imaginaire sont des exemples d'alignement.

La proximité entre les éléments sur une diapositive permet à l'auditoire de rapidement identifier ce qui fait partie d'un groupe et ce qui n'en fait pas partie. La proximité aide à organiser l'information d'une manière cohérente.

En appliquant ces principes, on augmente la valeur esthétique de la présentation. Bien sûr, ces principes ne sont pas absolus et il peut être utile dans certains cas de ne pas les respecter. Il faut toutefois les connaître pour pouvoir consciemment les modifier. Voici un exemple d'une diapositive ne respectant pas ces principes accompagnée de la même diapositive “corrigée” :

Cette diapositive est remplie d'erreurs de design : les images sont de tailles différentes, ne sont pas alignées et se superposent n'importe comment. Le texte accompagnant chaque image n'est pas placé de la même façon. Cette diapositive est beaucoup mieux : les images sont de la même taille et sont alignées selon une grille horizontale. Le texte de chaque image est aligné de la même façon. Le résultat est beaucoup plus professionnel.

Les logiciels de présentation incluent plusieurs options graphiques dont les animations et les gabarits (i.e. templates). Ces options sont à éviter ! Les gabarits sont généralement très laids et les animations sont quétaines. Bref, ça n'apporte rien à la compréhension et ça diminue la crédibilité du présentateur. La seule animation acceptable est l'apparition directe lorsqu'on veut, par exemple, présenter plusieurs éléments sans les montrer tous en même temps : on les fait apparaître successivement (sans spirale ou changement dans la taille du texte).

Les couleurs sont à utiliser avec parcimonie. Ça peut être utile pour accentuer un élément important, mais il faut faire attention à la couleur de police et d'arrière plan. Plusieurs combinaisons rendent le texte difficile à lire (e.g. texte rouge sur fond jaune). Les meilleures combinaisons pour maximiser la lisibilité d'une diapositive sont : 1) du texte noir sur fond blanc, 2) du texte blanc sur fond noir et 3) du texte blanc sur fond bleu foncé. C'est sobre et les personnes daltoniennes n'auront pas de difficulté à visualiser la diapositive. Si vous tenez absolument à intégrer plus de couleur, je vous suggère de consulter un cercle chromatique ainsi que le site COLOURlovers pour y explorer différentes palettes de couleurs. Vous pouvez améliorez l'esthétique des diapositives, mais faites toujours attention de préserver leur lisibilité.

Si vous devez intégrer des figures ou des tableaux provenant d'une publication écrite, faites attention à la résolution de l'image. Un simple copier-coller n'est généralement pas adéquat pour que la figure soit claire à l'écran. C'est très décevant d'entendre un présentateur dire : “On ne voit pas bien ce que je désire vous montrer sur l'image, mais…”. Assurez-vous de toujours avoir des images d'une résolution élevée. Pour améliorer la résolution d'une image, vous avez plusieurs options :

  • Modifier les paramètres de contraste, de luminosité et de netteté
  • Utiliser un format qui garde sa résolution en agrandissant l'image (e.g. .png au lieu de .jpeg)
  • Refaire l'image en entier ou en partie (notamment mettre le titre de l'axe des y à l'horizontal)
  • En trouver une de meilleure qualité
  • Ne pas en utiliser si vous ne pouvez pas en trouver une avec une résolution suffisante

Si vous devez absolument présenter des résultats sous forme de tableau, ne mettez pas tous les nombres possibles, mais seulement ceux qui permettent de comprendre l'essentiel du message. Ça peut être utile d'inclure des flèches pour indiquer des tendances. Veillez aussi à ce que les chiffres soient de taille suffisante pour qu'on puisse les lire.

Bref, en adoptant le modèle AD et en respectant quelques principes de design simples, on peut maintenir le niveau d'intérêt de l'auditoire plus facilement. Rappelez-vous que les diapositives doivent rester simples et directes : c'est une présentation scientifique et non un concours artistique. Les diapositives ne doivent pas masquer le présentateur et le contenu !

Les aspects humains des présentations

Même si la présentation est bien structurée, que les diapositives sont soignées et que le contenu scientifique est intéressant, les aspects humains du présentateur peuvent grandement influencer la qualité de la présentation et la réceptivité de l'auditoire. Plus précisément, l'élocution – la manière dont on s'exprime oralement – et le langage corporel sont des aspects de la communication orale qui demandent beaucoup de pratique. Avoir un sujet intéressant n'est pas suffisant pour accrocher l'auditoire : il faut savoir comment être devant un groupe.

L'élocution est l'outil principal nous permettant de communiquer notre enthousiasme par rapport à notre sujet de recherche. Un discours très ordinaire peut être grandement amélioré avec une élocution au-dessus de la moyenne. À l'inverse, un excellent discours peut être détruit par une mauvaise élocution. La voix contrôle l'élocution. Bien qu'on ne puisse pas changer sa propre voix, il est possible de jouer sur certains aspects de celle-ci afin d'améliorer son élocution :

  • Le volume : le présentateur doit s'assurer que le volume de sa voix soit suffisamment élevé pour que tous puissent l'entendre. Faites attention de ne pas diminuer le volume vers la fin des phrases. On peut faire varier le volume pour créer une ambiance. Par exemple, on peut volontairement parler moins fort pour forcer les gens à être très attentifs. Il ne faut pas que ça dure trop longtemps par contre.
  • Le timbre (pitch en anglais) : permet de transmettre de l'émotion. Par exemple. lorsqu'on pose une question, le timbre de voix change (les mots à la fin de la question sont prononcés de manière plus aigüe). Le changement de timbre peut aussi être utilisé à des fins humoristiques.
  • Le rythme : la vitesse à laquelle on prononce un discours. Le rythme peut être utilisé pour créer un effet humoristique. On peut aussi ralentir pour souligner un point important.
  • Les pauses : il ne faut pas hésiter à faire des pauses au moment approprié, comme à la fin d'une section par exemple. Ça permet de faire une transition. Aussi, faire des pauses évite qu'on meuble le silence avec des “eeeehh”, un tic de langage vraiment agaçant.
  • La prononciation : la façon de réaliser oralement un mot. Par exemple, dire “artique” au lieu d’“arCtique” ou “phéroRmone” au lieu de “phéromone” sont des erreurs de prononciation. Une bonne prononciation améliore la crédibilité.
  • L'articulation : la façon de dire les différentes syllabes d'un mot de manière distincte (e.g. dire “chè pô” vs. “je ne sais pas”). Tout comme une bonne prononciation, une bonne articulation améliore la crédibilité.

L'important est de faire varier ces aspects (sauf la prononciation et l'articulation !) afin d'avoir une élocution dynamique pour maintenir l'attention de l'auditoire. Même si vous avez un contenu intéressant, une voix monotone peut perdre l'auditoire facilement. En maîtrisant les différents aspects de l'élocution, ça augmente l'ethos du présentateur. Tous ces aspects aident également à mettre l’emphase sur un élément important ou à faire des transitions. De plus, démontrer de l’enthousiasme aide à faire varier naturellement sa voix de façon appropriée sans avoir à trop y réfléchir ! Évitez par contre d'être excessif dans la manifestation de votre enthousiasme : ça paraît forcé et peu naturel.

L'élocution se présente de quatre façons : improvisée, semi-improvisée, mémorisée et lue. Chaque façon peut être distinguée des autres par un ensemble de caractéristiques illustrées dans le tableau ci-dessous :

Méthode Préparation Crédibilité Naturel Contact visuel Flexibilité Risque
Improvisée Nulle +/- Oui +++ ++++ +++
Semi-improvisée +++ ++++ Oui +++ +++ +
Mémorisée ++++ Nulle Non +++ Nulle +++
Lue + ++ Non Nul Nulle +
Basé sur Alley (2013) p. 230

Ces méthodes sont, pour la plupart, explicites : on improvise une réponse, on récite un texte mémorisé ou on lit un extrait. Il est possible d’utiliser les quatre méthodes dans une même présentation : un court texte mémorisé pour le début (ça sécurise certains présentateurs de débuter ainsi), une réponse improvisée pour la période de questions, un texte lu pour les définitions et citations et finalement un discours semi-improvisé pour la grande majorité de la présentation. La méthode semi-improvisée requiert un peu plus de détail pour bien la comprendre. On dit qu'une élocution est semi-improvisée lorsque la structure du discours est bien préparée, mais que les mots exacts ne sont choisis qu'au moment de prononcer le discours, i.e. on connaît la structure, mais on n’apprend pas les mots par cœur. Pour bien connaître sa structure, ça prend beaucoup de préparation et de pratique. C'est le principal désavantage de cette méthode, mais les avantages gagnés à l'utiliser surpassent grandement cet inconvénient. Un présentateur adoptant une méthode semi-improvisée est beaucoup plus crédible et naturel en plus de diminuer les risques si quelque chose ne se déroule pas comme prévu. Cette méthode permet également de maintenir un bon contact visuel avec l'auditoire, car on n'a pas besoin de regarder les diapositives ou de réfléchir pendant qu'on parle. La méthode semi-improvisée incite à faire des phrases courtes et simples, ce qui aide à avoir un propos clair et cohérent.

Bref, la méthode semi-improvisée est la méthode que vous devriez utiliser lorsque vous faites une présentation orale.

Le langage non verbal – qui comprend le mouvement des mains, le contact visuel, le mouvement du corps et l'apparence – permet de juger de la confiance qu'un présentateur dégage. Selon les différents signaux, subtils ou non, lancés par le corps, on peut déterminer si la personne devant l'auditoire est à l’aise ou si elle veut disparaître sous le tapis. En maîtrisant le langage non verbal, on peut mieux occuper l'espace qui nous est alloué sur une scène et démontrer de l'assurance.

Quoi faire avec ses mains ? Il n’y a pas de réponse facile à cette question. Plusieurs présentateurs trahissent leur nervosité soit en jouant beaucoup trop avec leurs mains (agaçant à la longue), soit en les “fixant” sur une table ou un lutrin (manque de naturel). Habituellement, on utilise ses mains pour faire des gestes qui permettent de mettre l’emphase sur quelque chose ou pour illustrer un propos. Généralement, on n’y pense pas : ça se fait tout seul. Par contre, si ce n’est pas naturel pour vous, c’est peut-être mieux de porter une attention particulière à vos mains et de ne pas en faire trop. Dans ce cas, l'idéal est de se tenir les mains jointes vers l’avant (mais pas durant toute la présentation). De cette manière, vous êtes prêts à faire de petits gestes. Aussi, il faut éviter à tout prix de mettre les mains dans les poches, de les garder derrière soi, de répéter toujours les mêmes gestes, de jouer avec un objet, de faire des gestes excessifs ou de les laisser pendre de façon nonchalante le long du corps. Il ne faut pas non plus laisser une main toujours sur l’ordinateur prêt à changer de diapositive : ça fait crispé ! Bref, les mouvements des mains doivent avoir l'air naturel et aider à expliquer une idée.

Lorsque vous présentez devant un groupe, vous devez établir un contact visuel avec eux la très grande majorité du temps. Le contact visuel permet de créer un lien direct entre vous et l'auditoire. Un contact visuel direct est généralement perçu comme un signe de confiance et d'honnêteté. À l'inverse, un regard fuyant ou fixé sur le sol est généralement un signe de timidité, d'inconfort ou de manque de transparence. Devant un petit groupe, c'est facile de regarder brièvement toutes les personnes dans les yeux. Pour un grand groupe, par contre, il faut faire un balayage visuel pour avoir un contact visuel avec le maximum de personnes de l'auditoire. Évitez de regardez au-dessus des têtes des gens ou de toujours faire le même mouvement de balayage (i.e. de gauche à droite, comme une machine). Vous devez avoir un contact visuel sincère pour que les gens se sentent interpelés par votre présentation. Il faut éviter de tourner le dos à l'auditoire (une conséquence des diapositives chargées de texte), car on brise le contact qu'on essaie de maintenir avec eux et notre voix risque d'être moins bien entendue.

Le langage corporel fait référence à la posture, au mouvement du corps et aux expressions faciales. Afin de dégager une confiance devant un groupe, il est nécessaire d'adopter une bonne posture ouverte (i.e. le dos droit, pas de bras ni de jambes croisés). On peut se déplacer lorsqu'on donne une présentation, mais ça dépend du contexte. Lors d'une présentation scientifique “traditionnelle”, le présentateur est situé derrière ou à côté d'un lutrin, ce qui laisse peu de place aux déplacements. Dans le cadre d'un séminaire de recherche ou d'un cours, par contre, il est possible, voire souhaitable, de se déplacer. Ceci rend la présentation plus vivante. Il faut cependant veiller à ne pas trop se déplacer (i.e. faire des aller-retours devant le groupe), car on trahit ainsi notre nervosité. Aussi, faites attention de ne pas vous balancer d'une jambe à l'autre ou de rester totalement statique. Sourire est aussi une façon de démontrer de la confiance et de réduire la tension due au stress. Un présentateur souriant signifie à l'auditoire qu'il est à l'aise et heureux d'être devant le groupe pour parler d'un sujet qui lui tient à cœur.

L'apparence vestimentaire peut être considérée comme faisant partie du langage corporel. En effet, la plupart des gens sont influencés par la tenue vestimentaire du présentateur. Vous vous dites sûrement que c'est faux : l'auditoire vient pour écouter quelqu'un donner une conférence et non pour le juger sur son apparence vestimentaire. C'est bien vrai, mais rappelez-vous que les gens vous voient avant de vous entendre ! Je ne vous dis pas que vous devez avoir un veston-cravate ou un tailleur griffé pour chaque présentation, mais un petit effort vestimentaire n'a jamais tué personne ! En science, nous avons la chance de ne pas avoir de code vestimentaire strict durant les conférences (contrairement aux gens en droit ou en finances par exemple). Cependant, ça vaut la peine de s'habiller un peu mieux qu'à l'habitude, car, inconsciemment, les gens vont évaluer notre crédibilité.

Gérer le stress et les situations difficiles

Une distinction majeure entre une communication orale et une communication écrite est le niveau de stress. Lire un article bien tranquillement ne cause pas de stress, mais parler devant un groupe fera inévitablement monter votre taux de cortisol sanguin ! Le stress est causé notamment par la période de questions, la réceptivité de l'auditoire et le simple fait d'être scruté par plusieurs personnes en même temps.

Une période de questions peut sauver ou détruire une présentation orale ! Un présentateur venant de conclure une conférence très ordinaire peut terminer sur une bonne note en fournissant des réponses inspirées et intéressantes aux questions qui lui sont adressées. À l'inverse, une excellente présentation peut être durement touchée si le présentateur n'est pas capable de donner son point de vue ou d'aller plus en profondeur sur certains aspects du sujet lors de la période de questions. Il arrive fréquemment que des chercheurs maîtrisant manifestement leur sujet ne sont pas capables d'articuler une réponse cohérence aux questions les plus faciles. Afin d'éviter ceci, il faut procéder par étape. Tout d'abord, il faut écouter la question. Ça semble évident, mais c’est la base. Plusieurs présentateurs font l'erreur de se demander (en panique !) quelle sera la question d'une personne de l'auditoire sans même écouter ce que cette personne est en train de dire. Concentrez-vous plutôt à bien écouter la question. On connaît souvent la réponse, mais le stress nous fait oublier la réponse ! Demandez des éclaircissements si vous n’êtes pas sûrs de ce que votre interlocuteur demande. Ensuite, prenez le temps de reformuler la question, et ce, pour deux raisons. Premièrement, ça permet de s'assurer que le présentateur et la personne qui pose la question s'en vont dans la même direction (e.g. Si j'ai bien compris, [Question reformulée], n'est-ce pas?). Deuxièmement, si des gens de l'auditoire n'ont pas entendu la première fois, ça leur donne la chance de comprendre la question. Par la suite, on doit prendre le temps de réfléchir à la question. Il n'y a pas de mal à prendre quelques secondes avant de répondre. Les gens devant une foule se sentent souvent mal à l'aise de garder le silence, de peur de paraître ignorant, mais cette perception est erronée. De toute façon, l'auditoire réfléchit sûrement à la question pendant ce temps. Finalement, il faut apporter une réponse cohérente et instructive. Il se peut cependant que vous n'ayez pas de réponse substantielle à donner. Si la question a un lien avec la présentation, mais que vous ne connaissez pas la réponse, dites-le et n’essayez surtout pas d'inventer une réponse, car ça se voit ! Les spécialistes dans la salle vont sauter sur l'occasion pour détruire votre crédibilité. Souvent, les questions ne touchent pas directement au sujet de la présentation, donc c’est normal de ne pas avoir de réponse. Vous pouvez quand même essayer de faire un lien entre la question et la présentation. Vous pouvez proposer à la personne d’en discuter après la période de questions si vous le jugez nécessaire.

Une bonne stratégie est d’anticiper les questions lors de la préparation. Faites l'effort de penser à des questions qui pourraient être posées. Cet exercice permet aussi d'identifier les sections plus faibles ou moins bien expliquées de la présentation. Certains aspects moins développés de la présentation attirent également les questions, donc soyez préparez à aborder des éléments qui n'ont pas été mentionnés directement durant la présentation. C'est une bonne stratégie d'omettre certains détails, qui ne sont pas nécessaires à la compréhension générale, car ça permet de diriger certaines questions vers ces détails.

Si vous n'avez pas de question après avoir terminé votre présentation, ça peut être gênant. Soit le sujet était tellement simple (ou inintéressant) que personne ne voit l'intérêt de poser une question, soit le sujet était tellement complexe et pas suffisamment vulgarisé que personne n'a compris. Si vous avez un sujet scientifique intéressant et que vous avez mis suffisamment d'efforts pour que le propos soit compréhensible pour une majorité de personnes, ceci ne devrait pas vous arriver. Par contre, pour les présentations devant un petit groupe, il se peut que l'auditoire ait besoin d'un peu plus de temps avant de se “dégêner”. Pour éviter cette situation, deux possibilités s'offrent à vous. Premièrement, vous pouvez demander à un collègue qui assistera de poser une question, que vous aurez préparé à l'avance, qui permettra de briser la glace. Deuxièmement, vous pouvez poser une question directement à l'auditoire. Cette pratique est moins courante, mais a l'avantage d'interagir de façon dynamique avec l'auditoire. Vous pouvez par exemple leur poser des questions sur des sections plus complexes de la présentation pour vérifier si cela a été compris ou sur des éléments connexes pour en apprendre plus (surtout s'il y a un spécialiste dans la salle, ça vaut la peine d'en profiter).

Si une personne accapare la période de questions, vous devez l'interrompre gentiment afin de garder le contrôle. Bien souvent, ce genre de personne n'a pas vraiment de question à poser, mais ne fait que parler pour exposer ses connaissances ou son opinion sur le sujet présenté. Pour ne pas paraître trop brusque, vous devez lui demander de préciser sa question ou de suggérer une question que vous pensez qu'il pourrait demander, dépendamment de ce qu'il vient de dire. Ça devrait être suffisant pour que la personne se rasseye. Vous pouvez le remercier de ses commentaires et passer à une autre question. L'auditoire vous en remerciera !

Il se peut que vous deviez donner une présentation à un auditoire difficile, voire réfractaire à vos propos. Par exemple, imaginez que vous devez donner une présentation à des usagers d’un territoire et vous leur dites qu’il faut limiter l’accès à ce territoire pour des raisons de conservation. Si vous commencez la présentation d'emblée en leur annonçant qu'ils ne pourront plus avoir accès à certaines zones du territoire pour la conservation d'une espèce menacée, vous ne pourrez jamais créer un lien avec l'auditoire. Dans un cas comme celui-là, il est préférable d'adopter une approche déductive, c'est-à-dire d'inverser la structure affirmation/démonstration expliquée précédemment. Vous devez amener des éléments de preuve, sans nécessairement dévoiler votre point de vue, qui vous permettent de conclure que ce vous proposez est la bonne solution, voire la seule solution possible. Il faut que les gens puissent comprendre le raisonnement qui vous a mené à votre conclusion. Vous devez aussi montrer que vous comprenez le point de vue adverse afin de pouvoir peser le pour et le contre de chaque point de vue. Tout ceci vous donnera une meilleure crédibilité aux yeux de l'auditoire. Bien sûr, ce n'est pas une recette miracle et vous ne pourrez pas convaincre tout le monde à chaque fois, mais vous aurez au moins fait l'effort de comprendre un point de vue différent et de convaincre un auditoire qui n'était pas “gagné d'avance”.

Voici une citation du célèbre monologuiste Jerry Seinfeld qui résume bien ce qu'on ressent lorsqu'on doit parler devant un groupe : “À des funérailles, si on avait le choix, la plupart d’entre nous préféreraient être dans le cercueil plutôt que debout à lire l’oraison funèbre.” Il est tout à fait normal de ressentir du stress lorsqu'on parle en public. Le stress et l’anxiété proviennent souvent de situations inconnues et de l’anticipation qu’on se fait de ces situations :

  • Comment va se dérouler ma présentation ?
  • Est-ce que les gens vont apprécier ?
  • Est-ce que je vais réussir sans me tromper ?
  • Va-t-on me juger sévèrement pour mon travail ?

Il ne faut pas lutter pour éliminer toute trace de stress, mais plutôt trouver une façon d'utiliser le stress comme forme d'énergie (i.e. le voir comme source d’excitation). En effet, un peu de stress nous aide à performer, mais un surplus de stress nous paralyse.

Anticiper que la présentation va mal se dérouler et que les gens ne vont pas apprécier crée une source de stress qui risque de s'amplifier jusqu'à ce qu'on arrive devant le groupe. Pour faire diminuer le stress, il faut augmenter la confiance en ses moyens en travaillant sur deux éléments en particulier : la passion et la préparation. Lorsque vous faites une présentation orale, vous devez être passionnés par le sujet. Si ce n'est pas le cas, demandez-vous pourquoi vous faites ce que vous faites ! Si vous êtes vraiment passionnés par votre sujet, vous devriez être prêts à mettre les efforts nécessaires pour bien vous préparer. Vous pouvez être passionnés par votre sujet, mais si vous ne vous préparez pas suffisamment, vous ne serez pas en confiance et ne pourrez donc pas être à l'aise comme vous le souhaiteriez. Pendant la préparation, portez une attention particulière à l'introduction. Le stress diminue généralement grandement après avoir commencé à parler, donc c'est important que l'introduction soit accrocheuse et bien préparée. Rappelez-vous que si vous démontrez un fort enthousiasme et que vous maîtrisez votre présentation, votre crédibilité en sera positivement affectée, en supposant que vous êtes prêts à mettre les efforts nécessaires (i.e. 1-2 heures par minute de présentation).

Stephen E. Lucas, l'auteur du livre The Art of Public Speaking, suggère plusieurs trucs afin de gérer son stress :

  • Faire des présentations orales : c’est prendre le taureau par les cornes ! Ce n'est pas la manière la plus douce (i.e. vous ne réussirez pas à chaque fois), mais c’est comme ça qu’on réussit, à long terme, à diminuer notre stress en acquérant de l'expérience. S'inscrire à un cours de communication orale peut être une bonne façon d'acquérir de l'expérience tout en bénéficiant de commentaires constructifs d'un professeur. Pratiquer devant des collègues et amis permet d'acquérir de l'expérience avec un niveau de stress moindre.
  • La visualisation et la pensée positive : La visualisation améliore la prestance et l'élocution. Ça crée un sentiment de familiarité avec la présentation. Le but est de s'imaginer en train de donner une présentation avec confiance. Ça permet également de briser les pensées négatives qui proviennent de l'anticipation.
  • Ne pas s’attendre à la perfection : les gens ne remarquent pas ou peu les manifestations de stress, donc ne vous préoccupez pas d'avoir l'air stressé ! De plus, si ça ne va pas exactement comme prévu, ce n’est pas grave, car l’auditoire ne sait pas ce que vous avez planifié de dire ou de faire. N'attirez pas l'attention sur ce qui est moins bien réussi.
  • Bien dormir la veille : ça ne donne rien de travailler sur une présentation jusqu’à la dernière minute. C'est préférable d'être bien reposé avant de donner une présentation.
  • Tendre et détendre ses muscles : ça permet de diminuer le niveau d’adrénaline juste avant de commencer une présentation. Un peu avant de prendre place devant un groupe, contractez et relâchez les muscles de vos jambes et de vos bras.
  • Éviter les stimulants : si vous êtes nerveux de nature, évitez le café. De plus, si vous avez un estomac “stressé”, évitez de trop manger avant votre présentation.

Respirez !

Si, malgré tout cela, vous ressentez encore beaucoup de stress et d'anxiété face à une présentation orale, un exercice de respiration, basé sur la cohérence cardiaque, peut vous aider. La cohérence cardiaque fait référence aux variations dans la fréquence cardiaque. En situation de stress ou de colère, le cœur bat à un rythme plus rapide et plus irrégulier. Le cerveau envoie un message au cœur et celui-ci s'adapte en fonction du message reçu. Les systèmes nerveux autonome sympathique (accélération du rythme cardiaque et de la respiration, relâchement de cortisol dans le sang, diminution de la digestion) et parasympathique (les actions contraires) transmettent les messages au cœur. En période de stress, le cœur reçoit des messages désordonnés des deux systèmes, ce qui fait que le cœur fonctionne de manière chaotique. La figure suivante illustre comment la fréquence cardiaque est influencée par notre état d'esprit.

Le rythme cardiaque d'un cœur en état de cohérence est plus régulier.

C’est bien connu que les images qu’on se fait dans le cerveau vont affecter le rythme du cœur. Ce qui est moins connu, c’est que le fonctionnement du cœur peut influencer notre état d’esprit (i.e. le cerveau). On se retrouve dans un cercle vicieux où l'un influence l'autre. Pour retrouver un état de cohérence cardiaque, il faut faire un exercice de respiration en se concentrant sur la respiration et le cœur simultanément. Cette concentration évite qu'on pense à autre chose qui pourrait nous stresser. Cet exercice n’est pas instantané : ça prend de la pratique pour s'en servir efficacement. Consultez le site suivant pour plus d'information et celui-ci pour exercer votre cohérence cardiaque.

Quelques ressources et bonnes idées

Voici quelques bonnes ressources qui vont vous permettre d'aller chercher de l'information pour améliorer vos présentations orales et vous inspirer.

Alley, M. (2013). The Craft of Scientific Presentations, 2nd ed. Springer. – C'est le livre principal sur lequel cet atelier est basé.
Atkinson, C. (2011). Beyond Bullet Points, 3rd ed. Microsoft Press.
Duarte, N. (2008). Slide:ology. O'Reilly Media.
Lebrun, J.L. (2010). When the Scientist Presents. World Scientific Publishing.
Lucas, S.E. (2012). The Art of Public Speaking, 11th ed. McGraw-Hill.
Morgan, S. & Whitener, B. (2006). Speaking about Science. Cambridge University Press.
Tufte, E. (2001). The Visual Display of Quantitative Information, 2nd ed. Graphics Press.
Williams, R. (2014). The Non-Designer's Design Book, 4th ed. Peachpit Press.

Zach Holman's tips for public speaking.
Lucianne Walkowicz's non-talk on giving talks.

Comment s'exercer à donner une présentation en modifiant la structure ?

  • La présentation de type pecha kucha (mot japonais signifiant le bruit de la conversation) est une présentation comportant exactement 20 diapositives et chaque diapositive ne dure que 20 secondes. Ma thèse en 180 secondes est un autre exercice très formateur : vous devez décrire votre projet en 3 minutes avec une seule diapositive (aucun accessoire permis). Ces exercices vous forcent à identifier ce qui est le plus important pour la compréhension. Si vous pouvez présenter votre sujet de recherche en fonction de ces contraintes, vous avez une bonne capacité d'adaptation de la structure.

Où trouver de l'inspiration pour nos propres présentations ?

  • Les sites SlideShare et Speaker Deck permettent de consulter des diapositives qui ont déjà été présentées. Les blogs personnels et les présentations TED Talks sont également une excellente source d'inspiration.

Comment couper la projection des diapositives momentanément ?

  • En appuyant sur la touche W (pour white) ou B (pour black), on projette un écran blanc ou noir respectivement. Pour revenir à la diapositive, il suffit de réappuyer sur la même touche.

Jé peure de fèrre des fôtes ?

  • C'est essentiel pour la crédibilité d'avoir un support visuel exempt d'erreurs grammaticales. Demandez à quelqu'un de relire vos diapositives si vous ne maîtrisez pas bien la langue écrite.

Suis-je convaincu que ma préparation de la présentation est suffisante ?

  • Pratiquez votre présentation devant des amis ou des collègues à quelques reprises. Ils pourront vous donner des commentaires constructifs.

Comment faire pour anticiper des questions plus larges de l'auditoire ?

  • Vous pouvez ajouter des diapositives supplémentaires à la fin de la présentation au cas où une personne aborderait un sujet connexe durant la période de questions (e.g. un résultat intéressant, des détails méthodologiques, un schéma conceptuel, etc.).

Comment faire pour éviter les problèmes de mise en page sur un autre ordinateur ou avec une autre version de PowerPoint ?

  • Enregistrez votre présentation en format pdf et utilisez le mode “Plein Écran” du logiciel Adobe Reader ou le mode “Diaporama” du logiciel Aperçu. Si vous avez des animations, dupliquez les diapositives concernées (i.e. une première diapositive sans les éléments qui apparaissent à l'animation et une deuxième avec les éléments ajoutés sur la diapositive).

Comment faire pour ne pas oublier d'éléments majeurs ?

  • Utilisez le mode “Présentateur” de PowerPoint pour voir vos notes, la diapositive suivante et le temps restant.

☐ Démontrer de l'enthousiasme pour son sujet
☐ Justifier l'importance de son sujet
☐ Éviter tout jargon ou terme complexe
☐ Bien identifier l'auditoire
☐ Avoir un message à retenir clair
☐ Design des diapositives agréable
☐ Respect du temps alloué
☐ Pratiquer devant des collègues ou des amis
☐ Amener une bouteille d'eau
☐ Avoir du plaisir !